Il y a 3 ans de cela, la terre trembla comme jamais au Japon, et des vagues dévastatrices venaient emporter tout un pan du Japon sur leur passage, faisant un véritable carnage. Moi, je n’étais pas là, mais j’étais touché.
Octobre 2010, la première fois de ma vie que je pensais concrètement à aller au Japon, à faire un voyage au pays du soleil levant. A l’époque, j’habitais à Vancouver – Canada, et je voulais aller découvrir quelque chose de nouveau, de différent, et je me disais que le Japon, ça pourrait être sympa.
Janvier 2011, alors que la révolution tunisienne battait son plein, je rentrais en France (malheureusement je ne pouvais pas aller en Tunisie) et je profitais de mes 3 semaines sur place pour faire une demande de PVT Japon, que j’obtins assez rapidement. Dès que j’avais le visa en poche, j’achetais mon billet d’avion pour le Japon. C’était décidé, le 5 mai 2011, je partirai de Los Angeles – USA direction Tokyo, où j’atterrirais le 6 mai 2011. Entre temps, il me fallait rentrer à Vancouver, terminer mon séjour sur place et faire un Road Trip de 2 mois entre Canada et USA.
Le 11 mars 2011 la terre trembla au Japon et je fus surpris
Le 14 mars 2011, c’était la date à laquelle je devais définitivement quitter Vancouver, pour commencer mon Road Trip entre Canada et USA. J’étais content comme un gosse qui attendait Noël. Il ne me restait que quelques jours dans la ville canadienne que j’adorais, mais j’étais excité par ma nouvelle aventure en perspective.
Le 10 mars 2011, profitant de mes derniers jours à Vancouver, je suis allé au restaurant avec 3 amis français pour manger un bout. Nous sommes attablés, seul dans un restaurant assez sympa, il n’est pas encore minuit, nous ne sommes pas encore le 11 mars 2011 au Canada, mais au Japon si. Et là, je lève ma tête en direction de l’écran de la télé au-dessus de nous. Le bandeau rouge « FLASH » a attiré mon regard. La première chose que je vois ce fut une énorme vague marron passer un muret et tout emporter sur son passage. Je lis le texte qui défile en anglais et je vois « grand tremblement de terre et tsunami au Japon ». Je suis bloqué, je regarde et je ne sais quoi faire.
Les 3 jours suivants furent intense en soit. Ma décision et mon envie d’aller au Japon n’avaient pas changées d’un iota, il était hors de question que je change mes plans, aussi grave fusse la situation sur place. Sauf que l’on apprenait rapidement qu’une centrale nucléaire fut touchée dans le drame.
C’est dangereux ? Et alors, je m’en fous.
Dès que l’étendu des dégâts commençait à se faire connaitre, je voyais mes amis à Vancouver s’inquiéter pour mon futur périple au Japon, certains d’entre eux me disant « tu ne devrais pas y aller, ça pourrait être dangereux ».
Mais, dès les premiers instants, ma réponse fut la même « j’ai décidé d’aller au Japon alors que tout allais bien là-bas, je ne vais pas m’enfuir le jour où tout va mal, j’y vais quand même ». Ma position était claire et je n’en changerais pas, à aucun prix. Je ne me voyais pas comme quelqu’un qui profite des choses, ou pays, quand tout va pour le mieux et se tire au moindre problème.
Les informations, toutes plus alarmantes les unes que les autres, surtout dans les journaux français qui s’en donnaient à cœur joie, ne me décourageaient guère. Et puis, après tout, il me restait 2 mois avant d’arriver au pays des Pokemon, alors pourquoi m’inquiéter. Je partis donc faire mon Road Trip avant de décoller de Los Angeles, comme prévu, en ce 5 mai 2011. Après une escale de quelques heures à Pékin, je mettais les pieds, pour la première fois de ma vie, à Tokyo, capitale du Japon. D’un Japon meurtrit.
A Tokyo, tout va pour le mieux …
Certainement parce que j’étais arrivé 2 mois plus tard, la ville de Tokyo ne ressemblait en rien au chaos que nous décrivaient certains médias. Les magasins étaient correctement approvisionnés, il ne manquait de rien, il n’y avait pas de coupures d’électricités.
Mais les secousses, les petits tremblements de terre, les séismes, eux étaient encore présent. Je me rappelle qu’à cette période, j’en ai vécu une bonne grosse dizaine, mais pas des très importants, comme je le raconte dans mon article « mes premiers tremblements de terre au Japon ».
La vie était normale à Tokyo, tout allait pour le mieux. Je prenais mes marques, je faisais ce que j’avais à faire et j’essayais de découvrir une autre culture. Et puis, très rapidement, je me rendis compte qu’il n’y avait que très peu d’étrangers autour de moi, voir même très peu de français.
D’ailleurs, lorsque je rencontrais des japonais et qu’ils me demandaient d’où je venais, et que je répondais France (comme je l’explique dans mon article intitulé « être français au Japon »), ils étaient surpris et me demandais pourquoi je ne m’étais pas enfuis comme les autres (on m’a souvent dit qu’avant le drame il y avait 9000 français et qu’après il n’en restait que 3000). Et alors, quand je répondais que je venais d’arriver, ils étaient encore plus surpris, et beaucoup d’entre eux me remerciaient.
… mais ce n’est pas pareil dans le Tohoku
J’étais au Japon, j’étais bien accueilli et je me sentais bien. Mais, sachant qu’un grand drame venait d’arriver non loin de là où j’étais, je sentais que je devais faire quelque chose. C’est pourquoi, après pas mal de recherches et de galères (parce que je ne parlais pas japonais à l’époque), je suis allé faire du volontariat dans la ville de Kamaishi, fortement touchée par le tsunami du 11 mars 2011. (Vous pouvez retrouver mon expériences dans les 3 articles dédiés « préparation du volontariat à Kamaishi », « volontariat à Kamaishi – Iwate » et « visite de la ville sinistrée par le tsunami : Kamaishi »).
Lorsque je suis arrivé sur place, le 11 septembre 2011 (alors que le monde célébrait les 10 ans des attentats du World Trade Center), je me rendis compte que le drame humain était encore vif et fort. Mes premières images de la ville de Kamaishi dévastées furent comme dans un film, et me marquèrent à vie. Je ne pourrais les oublier.
Mais plu encore, je ne pourrais pas oublier les habitants de cette ville qui galéraient tant bien que mal pour essayer de faire repartir leurs vies. Ils venaient de tout perdre et malgré cela, ils ne baissaient pas les bras.
L’une des images forte de mon volontariat sur place, fut lorsqu’avec les japonais que j’aidais, nous sommes allés voir le cabinet de dentiste qui venait d’être restauré. C’était l’un des premiers lieux de la ville à avoir été rénové intégralement. Et le visage des japonais avec moi disait plus que des mots.
On pouvait sentir de la fierté, du courage, et bien plus encore. Ce cabinet était comme un symbole pour eux, il venait de mettre la première pierre de leur édifice : reconstruire Kamaishi, reconstruire le Japon. Pour ma part, il me fallait rentrer à Tokyo.
Parce que le Japon est riche et à cause de Fukushima
Depuis tout ce temps, depuis 3 ans maintenant, je me suis rendu compte d’une chose : les gens oublient passent à autre chose, tournent la page et zappent.
Le tremblement de terre de Tohoku ? Ah, c’est du passé. Le tsunami qui à fait des milliers de morts et dévasté des villes entière ? Bah c’était il y a 3 ans. On en parle comme si il n’y avait plus aucun séquelle, comme si plus personnes n’en souffrait. On oublie, on passe à autre chose, et cela me dérange. Il y a encore des gens, par milliers qui sont dans le besoin sur place.
Pire encore, et je l’ai souvent entendu dire : « Le Japon, c’est un pays riche, ils s’en sortiront, ils n’ont pas besoin d’aide ». Mais pays riche ou pas, un pays dévasté est un pays dévasté. Je me demande comment on peut raisonner de la sorte. Il y a des gens qui en pâtissent au quotidien. Je me souviens d’ailleurs que les japonais, avec qui j’étais à Kamishi, me disaient qu’il faudrait au moins 10 ans pour que tout redevienne comme avant, si jamais il y a un comme avant.
Et enfin, les médias, les vautours je devrais dire. Eux, la seule chose qui les intéresse, n’est pas d’informer, mais de faire des ventes. Au bout de 3 ans, on ne fait plus de vente avec un tremblement de terre et un tsunami. Mais par contre, avec une centrale nucléaire, là on peut terroriser les gens pendant 10 ans et leur faire acheter nos pseudos journaux qui disent toujours la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Aujourd’hui, on ne parle presque plus du Tohoku et de son drame humain, mais alors Fukushima on s’en tape à toutes les sauces possibles, à tel point qu’on ne peut plus démêler le vrai du faux.
D’ailleurs, et je profite de cet article pour le dire, je ne m’exprimerais JAMAIS sur Fukushima, car ce n’est pas mon métier, je ne sais pas ce qui se passe là-bas exactement et je ne suis pas spécialiste en nucléaire. J’estime que seul ceux qui savent ce qui se passe peuvent s’exprimer, pas les M. et Mme X ou Y qui ne connaissent rien à rien et disent certainement des conneries (aussi bien négatives que positives) et qui s’auto proclament expert du jour au lendemain.
Enfin voila, je n’étais pas là le 11 mars 2011, mais cet évènement ne m’a pas empêché de venir découvrir ce pays qui regorge de richesses et dont le peuple à toujours besoin de soutien, notamment dans le Tohoku. D’ailleurs, si vous en avez l’occasion, je vous invite à venir faire du volontariat dans les nombreuses villes qui en ont encore besoin, ou bien même à faire un simple de don, par exemple à médecins du monde : https://www.medecinsdumonde.org/A-l-international/Japon Parce qu’il ne faut jamais oublier les victimes, et ce où qu’elles soient.
Si vous venez au Japon, et parce qu’on ne sait jamais ce qui peut se passer, il y a quelques basiques qui peuvent être utile en cas de tremblement de terre. J’en parle dans mes articles suivants: « Tremblement de terre au Japon, que faire« , « Les meilleures applications pour un voyage au Japon » (où je recommande une application d’alerte au séisme) et enfin « simulateur de tremblement de terre à Ikebukuro » (que je vous recommande d’expérimenter). Il vaut mieux être un minimum préparé, parce que ce n’est pas fun et ce n’est pas un jeu un tremblement de terre.
3 ans déjà ….
Je me rappelle très bien de l’effroi devant ma petite télé, le cœur serré …
Je n’y suis pas encore retourné depuis (mon 3ème et dernier voyage date d’octobre 2010) mais j’y retournerai bientôt, c’est juré !
Merci de rappeler que le tremblement de terre et le Tsunami c’est aussi plus de 10.000 victimes et que ca ne peut s’oublier comme cela …
Oui ce serait bien que les gens n’oublient pas et aident de temps à autre, comme ils peuvent.
Quelle leçon de vie quand même…
C’est vrai qu’on ne voit QUE des reportages sur la Fukushima et aujourd’hui les gens ont limite oubliés le reste.. C’est vraiment dommage 🙁 Médias à la con? Oui ! « audimat audimat » ils n’ont que ce mot à la bouche.
(et les gens sont bien trop influencables surtout!)
Oui, les médias ne sont pas top du tout, loin de là.
D’ailleurs ça me rappelle décembre 201é. Il y avait eu un tremblement de terre sur Tokyo. Il était un peu long, mais pas très très gros non plus. Et à cette période là, tout le monde parlait de la fin du monde selon les maya. Alors quand le tremblement de terre à eu lieu, pour le prendre à la rigolade, beaucoup de gens ont écris, sur les réseaux sociaux « wouah c’est la fin du monde, comme l’avait dit les Maya ». Et bien, ni une, ni deux, dans les médias français c’était écrit que les japonais ont eu peur que ce soit la fin du monde. Journalisme quand tu nous tiens.
Ah ouais quand meme !
ça me fait penser à l’autre catho à la con qui a cité un article de LeGorafi dans une émission :ricane:
Comme quoi les gens sont vraiment crédules et naifs. On devrait tous faire plus attention aux médias !
Oui, mais bon pas facile.
Effectivement c’est un vrai lavage de cerveau à la télé par rapport à Fukushima, avec tout ce qu’on entends ça porte vraiment à confusion et on sait des fois plus trop quoi en penser ! Et à cause de cela pas mal de gens sortent des trucs genre : « Il faut surtout pas aller au Japon, avec Fukushima tu va être irradié blabla.. »
Et je suis tout à fait d’accord avec toi sur le fait que quand on veux profiter d’un pays, pour moi aussi ça me semble normal et respectueux de ne pas fuir au moindre problème, mais ça c’est un avis personnel et beaucoup de personnes peuvent voir leurs santé en premier et ne veulent pas la mettre en danger, ce qui est tout aussi compréhensible.
Sinon merci pour cette article ! Super comme d’habitude.
T’as totalement raison ! Plusieurs personnes de mon entourage m’ont conseillé de ne pas partir au Japon car « avec le drame de Fukushima c’est dangereux »… Cela me fait bien rire ! Et ça m’énerve également vraiment beaucoup…
Moi, perso, je n’écoute plus ces discours.
Salut Gwendal, merci beaucoup pour ton commentaire.
Oui, il faut aussi respecter l’avis des autres, si ils ont voulus partir, c’est qu’ils avaient leurs raisons.
Salut, je voulais juste dire que tu a écrit 3 mars au lieu de 11 mars 🙂
Salut Dylan, merci. Je devais avoir le format anglais en tête 😀
Pour avoir une idée, en image, de ce que peut générer ce genre d’expériences, le cinéphile que je suis peut vous conseiller deux films réalisés par Sono Sion, l’un des meilleurs réalisateur actuels :
Himizu et Land Of Hope.
Vous découvrirez deux approches très différentes mais toutes deux intéressantes du japon post-Tohoku.
Merci pour ces deux films, va falloir que je les regarde.
Cet évenement m’a marqué aussi. 4 jours avant, j’enterrais ma mère. A l’époque, en voyant le tremblement de terre, tous ces gens en détresse, je me sentais comme eux finalement. Vraiment l’impression que le monde s’effondre.
Après 3ans, je sais qu’il y a encore des réfugiés, que des gens vivent dans la zone contaminé de la centrale, et pour les survivants, le traumatisme est énorme. Et moi aussi, j’en suis un peu au même point!
Je ne vois pas comment on peut oublier qu’on a perdu sa famille, qu’on n’a pas pu secourir certaine personne (j’avais une interview d’un policier qui était venu secourir les gens dans un village de la cote, mais arrivé le soir, il a du repartir, malgré les gémissements qu’il entendait, car il ne voyait plus rien. Le lendemain, l’alerte à la centrale a rendu l’accès au village interdit et il n’a jamais pu retourner chercher les gens qu’il a entendu…Son témoignage était vraiment poignant et je crois qu’il entendra ces voix toute sa vie).
Malheureusement, dans les médias internationaux, on n’entend parler que de la centrale…parce que c’est facile, ça permet de taper sur quelqu’un et puis ça ne fait que conforter l’image complétement déformé que l’on a de ce pays.
Enfin, j’ai vu cet appel au dons en faveur des victimes du 11/03. Réalisé par un japonais sur une musique de Sade, il est délicat et rappelle la difficulté de se reconstruire moralement après ça.
https://vimeo.com/88405888
Oui, mais les médias, surtout français, si ils parlent de la centrale en permanence c’est parce que ça fait vendre uniquement, et pas pour taper sur des gens. Ils ne cherchent que l’appât du gain au final, rien de plus.
Et oui 3 ans !
Je préparais notre voyage au Japon en Juillet.
Je me souviens avoir suivi qui a relayé les news presque 24/24 pendant des jours voir des semaines.
Et nous n’avons pas annullé alors que tout le monde le faisait à l’agence.
Quelques proches étaient scandalisés qu’on y aille avec les enfants en plus.
Ben voyons !
Nous y sommes allé.
Et malgré la barrière de la langue, on a bien compris que cela faisait plaisir au Japonais que nous avons croisé.
Même à Tokyo, cette ville « froide », des passants ont fait des cadeaux aux enfants !
Bref on est venu, on a adoré, on est parti le coeur gros, on est revenu et on reviendra !
Tout cela ne m’étonnes pas du tout. En tout cas, je suis content de voir que ça s’est super bien passé pour toi et ta famille ^_^
Bonjour !
Pour Fukushima, je partage tout a fait ton point de vue !!!!!!!!!!!!!!!!!
Quant aux journalistes, il y en a de tous poils, et quelques tres biens aussi…
Merci pour Kamaishi ! ;0))
Oui c’est le cas pour les journalistes, mais bon, une bonne partie pensent aux ventes avant tout.