Kamaishi, Iwate, Tohoku : Une maison détruite par le Tsunami

Aala 11 septembre 2011 0
Kamaishi, Iwate, Tohoku : Une maison détruite par le Tsunami

Ce dimanche 11 septembre 2011, je me suis rendu à Kamaishi- Iwate dans le Tohoku au Japon, afin d’y effectuer du volontariat. Cela fait maintenant 6 mois, jour pour jour, que le Tsunami est venu tout ravager dans cette région. Voici le récit d’une journée traumatisante.

Cet article se décompose en 3 parties. Je vous invite à consulter les 2 autres:

Kamaishi, Iwate, Tohoku: préparation pour ma journée de volontariat sur la zone sinistrée par le Tsunami

Kamaishi, Iwate, Tohoku: visité d’une ville détruite par le Tsunami

Alors que la majorité de la planète regardait du côté des Etats-Unis d’Amérique, qui célébraient les 10 ans des attentats terroristes sur les tours jumelles du World Trade Center, j’étais à Kamaishi afin d’aider les personnes qui sont encore dans le besoin sur place. Et croyez moi, il y en a encore beaucoup. Après avoir du préparer ma journée de volontariat à Kamaishi, me voici en route pour cette « mission ».

Un voyage en « bus grand luxe »

Le Samedi 10 Septembre, j’ai embarqué dans le bus en direction de Kamaishi. Je vous laisse imaginer ma surprise lorsque j’ai constaté le confort de ce bus de nuit. J’avais traversé le Canada dans un bus de la compagnie Greyhound en mars dernier et le confort n’existait pas.

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Bus

Ici, au contraire, tout est fait pour vous faire voyager dans les meilleures conditions possibles. Chaque rangée est composée d’uniquement 3 sièges, tous séparés les uns des autres, avec une couverture et même une paire de pantoufle pour chaque passager. Les rideaux du bus étaient entièrement fermés et les lumières éteintes tout le long du trajet. Un vrai confort qui m’a aidé à passer ces 9 heures de trajet dans d’agréables conditions.

Arrivée à Kamaishi : la ville n’a pas été touchée par le Tsunami ???

 A 07H30 le Dimanche 11 Septembre 2011 (avec 20 minutes d’avance) je suis arrivé à la gare de Kamaishi. Après avoir demandé au chauffeur du bus si il s’agissait bien de mon arrêt, (dans un japonais débutant : « Koko wa, Kamaishi no eki desu ka ?), je me suis tourné pour regarder le paysage et j’ai été surpris.

Tout était en parfait état. Rien de délabré, de cassé, de détruit. Non tout était en parfait état. Je me suis demandé si je ne m’étais pas trompé de ville. Et puis, j’ai tourné la tête, et sur un panneau de signalisation, j’ai lu : « Fin de zone d’inondation causée par les Tsunami ». J’étais donc dans la bonne ville. J’ai attendu Anna à la gare de Kamaishi, comme convenu. Elle est arrivée à 07H50, et nous nous sommes rendus au centre des volontaires.

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Anna & Aala

Des volontaires très conviviaux :

 Une fois sur place, il nous a fallu attendre jusqu’à 08H30 pour pouvoir nous enregistrer, récupérer nos assurances, et emprunter le matériel dont nous aurions besoin ainsi que de connaitre notre lieu d’affectation. Durant cette attente, j’ai pu constater que des gens de tous le Japon venaient à Kamaishi. Il y avait tout un groupe qui venait de Yokohama et qui arborait fièrement leurs vestes jaunes de volontaires. Tout le monde se prenait en photo, souriait tout en étant sérieux et prêt au travail. Il y avait vraiment une bonne ambiance assez conviviale. J’ai pu profiter du thé et de l’eau généreusement mis à notre disposition. Puis, après l’enregistrement, j’ai fais connaissance avec mon équipe (Anna et 2 japonais). Nous avons récupéré notre matériel (bottes, pelles, karsher, sacs, ….) et nous nous sommes rendus sur notre lieu de travail, dans une camionnette qui nous était destinée.

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Volontaires (Volunteers)

Les premières images chocs :

Le lieu de notre travail, se trouvait être une maison d’habitation, dans laquelle Anna avait déjà travaillée la veille, à environ 2 ou 3 kilomètre de la mer. La maison, était entourée d’autres maisons. Toutes étaient partiellement détruites, mais tenaient encore debout. Une seule était vraiment en très bonne état.

Mais surtout, avant d’arriver sur cet emplacement, nous avons traversés le centre ville, qui lui est juxtaposé à la mer, et là j’y ai vu les images de l’horreur. L’horreur que les habitants de Kamaishi ont dû vivre. Des bâtiments entièrement ravagés, des rez-de-chaussée en ruines, des rues désertes, des gravas et des objets en tout genre un peu de partout, et des cadavres de voitures aux alentours. Je me suis demandé si je ne m’étais pas rendu sur un champ de bataille.

Je n’ai jamais vu de guerre, mais là j’ai pu constater que lorsque l’Homme combat contre la nature, la nature l’emporte toujours. Tout était détruit autour de nous.

Le lieu de volontariat : une vie perdue en quelques minutes

Une fois dans la maison, la propriétaire nous a expliqué brièvement ce que l’on devait faire. Les 2 japonais devaient terminer de nettoyer au Karsher les fondations de la maison, tandis qu’Anna et moi devions nettoyer l’étage.

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Maison (House)

C’est à ce moment précis que je me suis rendu compte du drame humain que cette famille à du vivre. L’étage était composé de 3 chambres. Des vêtements, cahiers, livres, jouets, souvenirs, … étaient sur le sol de chaque pièce et nous avons dû tout jeter à la poubelle. Il fallait que l’on trie les objets selon qu’ils étaient des vêtements, en plastique ou en papier.

Pendant que je triais les objets, je me suis rendu compte que j’étais en train de jeter à la poubelle toute la vie d’une jeune lycéenne. Tous ses souvenirs, ses vêtements, ses cahiers de cours, ses revues, son maquillage, … Toute son enfance à disparue en seulement quelques minutes.

En seulement 3 grosses et puissantes vagues, cette jeune fille (que je n’ai pas rencontrée) avait tout perdu, absolument tout. Cela devait être vraiment traumatisant. A tel point, que lorsque nous avons commencé à nettoyer, la propriétaire s’en est allée et n’est revenu qu’à la fin de la journée, vers 16 heures (elle avait fait un bref passage vers 11H00 pour nous apporter quelques gâteaux et boissons). Certainement qu’elle ne voulait pas assister à cela.

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Maison ravagée (Destroyed House)

Après avoir rempli quelques dizaines de sacs avec des objets en tout genre, nous sommes allés les porter à la décharge. Un grand terrain vague, sur les abords de la ville, où tous les volontaires et habitants viennent jeter les vestiges d’une vie pré-Tsunami. Cette décharge, une parmi tant d’autres, est le symbole de ce Tsunami, qui a tout ravagé et tout emporté sur son passage. Cette décharge était tout simplement la vie, les rêves, les ambitions, les croyances, les espoirs de milliers de gens, qui ont tout vu disparaître. Et il y en a des dizaines tout autour de la ville.

A 16H00, notre journée de volontariat était fini, la maison était propre. Sur le coup j’ai été surpris par la courte durée de cette journée. La propriétaire était venue nous remercier. Et puis elle nous a montrée la fenêtre de sa maison, en nous disant qu’il y avait une voiture qui s’y était encastrée. Lorsque l’on y regarde de plus prêt on pouvait en effet y voir la forme d’une voiture dans la moulure de la fenêtre.

 Beaucoup de questions me sont venues à l’esprit

Toute au long de cette journée, de nombreuses questions m’ont traversées l’esprit, et je les ai posées à Anna, qui m’y a répondues tant bien que mal :

  • Les habitants vont-ils reconstruire leurs maisons aux mêmes endroits ? Oui certainement, mais ils attendent de voir ce que les autorités locales vont décider.
  • Cette zone est connue pour être une zone à Tsunami, comment peut-on laisser les gens s’y installer ? Ils ont pris des mesures en mettant en place des procédures à suivre en termes d’évacuation et en construisant un mur censé arrêter un éventuel Tsunami. Malheureusement le mur n’a pas résisté.
  • Où résident les habitants maintenant ? Ils habitent dans des maisons temporaires où les murs sont si fins que l’on entend absolument tout. La vie y est très précaire pour eux.
  • Combien de temps cela va-t-il prendre pour revenir à la normale ? Il va falloir au moins une dizaine d’années selon l’ensemble des habitants et autorités pour retrouver une vie normale. Le nettoyage n’est encore qu’à son début, ensuite il faut reconstruire et relancer l’économie. De plus c’est bientôt l’hiver, et ici en hiver il neige beaucoup, ce qui va ralentir les travaux de nettoyage.

Tellement de questions, et tellement de réponses. Je pense que les habitants de Kamaishi et tout le Nord-Est du Japon (Tohoku) doivent en avoir eux aussi beaucoup de questions. Mais je vous avou que le fais de savoir qu’ils puissent reconstruire leurs maisons aux mêmes endroits, me surprend énormément.

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