Une visite de la ville de Kamaishi, Iwate dans le Tohoku, après ma journée de volontariat s’imposait. J’y ai été en contact direct avec ces images de l’horreur. L’horreur que ses habitants ont dû endurer il y à 6 mois de cela. J’en serais marqué à vie.
Si vous arrivé sur cet article, je vous recommande de lire les 2 parties précédentes concernant mon volontariat à Kamaishi, Iwate, Tohoku en ce 11 septembre 2011:
– Kamaishi, Iwate, Tohoku: Préparatifs pour du volontariat en zone sinistrée par le tsunami
– Kamaishi, Iwate, Tohoku: Une maison ravagée par le tsunami
Un bateau dans la ville :
Après avoir fini notre journée de volontariat à Kamaishi – Iwate – Tohoku, un de mes collègues volontaire m’a demandé si je voulais voir un bateau que le Tsunami avait déplacé sur la route. Je lui ai évidemment répondu que oui étant donné ma curiosité naturelle.
On s’est alors rendu sur place, à côté du centre ville, et là j’ai été extrêmement surpris. Ce n’est pas un simple bateau que le Tsunami a déplacé mais un bateau cargo. Un immense bateau marchandise, l’ASIA SYMPHONY, avait été littéralement porté hors de la mer et projeté aux abords de la route. Il faut vraiment le voir pour le croire, et cela permet de constater à quel point le Tsunami était puissant.
Anna, m’a alors informé que le bateau devrait être remorqué vers la mer au courant du mois d’octobre 2011.
Au même moment j’ai constaté que beaucoup de personnes le prenaient en photo. Je me suis donc demandé « Mais pourquoi ne le laisse-t-il pas là ? Il ne dérange pas la circulation. De plus, il pourrait servir de témoignage afin que personne n’oublie. Enfin, il attirerait certainement des touristes et curieux ce qui permettrait de relancer un peu l’économie locale ». Mais bon je pense qu’ils l’enlèveront rapidement car personne ne voudra garder de souvenir traumatisant de cette terrible journée du 11 mars 2011.
Un dentiste à ré-ouvert son cabinet : une lueur d’espoir
Nous sommes ensuite allés visiter l’un des dentistes locaux qui venait de ré-ouvrir son cabinet.
Après 6 mois, c’est l’un des premiers business à ouvrir à nouveaux ses portes, dans des locaux tout neuf, en plus d’un conbini en centre ville. Les 2 japonais qui nous accompagnaient étaient vraiment émus car ils ont travaillés sur ce chantier. Il s’agissait pour eux d’une lueur d’espoir. Après des mois de galère, un rayon de soleil s’offrait à eux. Il faut espérer que ce sera le premier d’une longue série.
Une visite de la ville sinistrée par le Tsunami :
Aux environs de 17H00, j’ai quitté mes collègues d’un jour, et me suis rendu en centre ville pour faire un tour et un état des lieux de l’étendu des dégâts. Lorsque je les voyais le matin à travers la fenêtre de la camionnette, j’avais l’impression d’être en train de regarder un film. Mais là, je marchais dans ces rues quasi désertes faites de bâtiments détruits, de gravas, de détritus et de cadavres de voitures.
Toutes les images étaient marquantes, choquantes. Des centaines de voitures, des milliers de briques, des vêtements, des objets en tout genre. Vous pouviez vraiment trouver de tout dans les rues. L’eau y était même encore présente sur quelques routes. D’ailleurs par moment, cela sentait l’odeur de l’océan.
Quand je regardais de plus près sur les bâtiments, j’ai pu constater à quel vitesse les secours sont intervenus. Des croix de couleurs (bleue, blanche, rouge) ont été faites avec des bombes de peintures, sur chaque bâtiment. A côté de chaque croix la date, du jour où le bâtiment a été contrôlé, a été notée. Très souvent il s’agissait du 17 MARS 2011, soit 6 jours après la catastrophe.
Je savais que certaines croix signifiaient que des personnes décédées ont été retrouvées sur place. Selon Anna, il s’agissait des croix de couleur blanche. Il y en avait d’ailleurs une sur la porte de la maison que nous avions nettoyée ce matin là.
J’ai pu aussi constater que tout autour de la ville des panneaux de signalisations rappelaient la probabilité de Tsunami et qu’il fallait dans ce cas se réfugier dans les hauteurs avoisinantes. Il faut savoir que Kamaishi est une ville construite en bord de mer, avec un port marchand, et qu’elle est entourée de collines. La ville est comme prise en sandwich entre la mer et les collines.
Ces collines, je m’y suis rendu afin d’avoir une vue plus globale du centre ville. J’ai pu y constater, que d’un premier coup d’œil, pas tant de bâtiments que cela semble détruits. Il faut se rendre dans les rues, pour se rendre compte que seulement les premiers étages des bâtiments ont sévèrement été endommagés. Cela à d’ailleurs causé la disparition de l’ensemble des commerces de la rue marchande, qui est maintenant une rue fantôme.
Enfin, j’ai terminé mon tour, en passant à côté d’un baraquement de maisons temporaires pour sinistrés. Il s’agit de remorques de camions aménagés en maisons individuelles. Il y en à des dizaines, les unes à côtés des autres. J’ai pris des photos dans toutes la ville, mais là, par respect pour ces gens, je me suis dit que je m’en abstiendrai. Je n’aimerai en aucun cas être à leur place. Tout perdre en quelques minutes, et se retrouver à vivre dans de telles conditions, sans savoir quand ils pourront bien revenir à une vie plus normale et plus décente.
Retour à ma vie de Tokyoïte :
A 20H25, je suis remonté dans mon bus de nuit tout confort, direction Tokyo.
J’y ai passé un agréable trajet retour à dormir (excepté à un moment quand j’ai été réveillé par un tremblement assez fort, qui m’a fait penser à un tremblement de terre. Il ne s’agissait en faite que du bus qui passait par une petite route) et aussi à repenser à toutes ces images que j’ai vu.
Tous ces bâtiments détruits, ce bateau déplacé, cette eau sur les routes, les affaires de cette jeune lycéenne jetées à la poubelle. Mais l’image que je garderais sera celle des 2 japonais content de voir que le cabinet du dentiste était à nouveau ouvert. Je leur souhaite, à tous, bon courage, plein de bonnes choses et surtout qu’ils se relèvent encore plus fort de ce terrible événement.
Revoir ces images me rappelle de bien mauvais souvenirs… Plusieurs de mes fournisseurs devenus « amis » avec le temps avaient tout perdu, entrainant la fin d’une belle aventure pour moi. Je suis toujours triste pour eux.
Je suis dans le même état d’esprit que toi à chaque fois que je vois ces images. Elles ne sont pas réjouissantes 🙁
Ouah, on a l’impression d’être dans une ville fantôme, un peu comme au ciné genre Walking Dead. il ne reste plus que les zombies.
Ça doit vraiment être impressionnant, surtout le bateau en plein milieu de la ville.
Tu n’as pas eu peur par rapport à la contamination radioactive?
Oui c’est clair que c’est très impressionnant. Sinon, concernant la radioactivité, Kamaishi n’est pas à côté de Fukushima, donc ça va. Après je suis à Tokyo donc si il y à de la radioactivité j’en prends tous les jours ma dose.