Le Tezutsu Hanabi est originaire de la ville de Toyohashi et est encore perpétué sur place, à plusieurs reprises tout au long de l’année. L’occasion de voir des feux d’artifices fait main et avec passion.
Les Hanabi au Japon (feux d’artifices) sont légion et fortement appréciés des autochtones. Ils sont beaux, grands, colorés, artistiques, … Mais, dans certains endroits de l’archipel nippon se cachent d’autres formes de feux d’artifices, plus artisanaux et plus dangereux. C’est le cas du Tezutsu Hanabi.
Aux origines du Tezutsu Hanabi
La ville de Toyohashi, dans la préfecture d’Aichi, est considérée comme étant le berceau du Tezutsu Hanabi (手筒花火). Il s’agit d’un feu d’artifice spécifique à la région de Higashi Mikawa au cours duquel des personnes, à l’époque des hommes mais aujourd’hui quelques femmes y prennent part, vont fabriquer des « canons » à feux d’artifices avec du bambou et de la poudre et vont les porter pendant que ceux-ci seront allumés, donnant ainsi un sacré spectacle à voir, un mélange entre audace, bravoure et dangerosité.
Selon un document ancien, en possession du sanctuaire Yoshida, le début de Tezutsu Hanabi en tant qu’évènement remontrait à l’an 1560, à l’initiative du seigneur du château de Yoshida. A l’origine, le Tezutsu Hanabi était un moyen de communication utilisé comme une sorte de fusée de signalisation. Mais, au cour de l’époque Edo (1603 – 1868) sa pratique en tant que festival s’est répandue. De plus, le Shogun Tokugawa chargeait les habitants de la région de Mikawa de produire de la poudre à canon, ce qui a favorisé le développement du Tezutsu Hanabi dans la région. Ce festival est destiné à célébrer les bonnes récoltes, la bonne santé, la prospérité et le courage.
Comment le fabriquer et l’utiliser
Le principe de fabrication est simple à comprendre. Il s’agit de prendre un bambou d’hiver appelé Moso et mesurant 80 cm de long par 10 cm de diamètre. Au sein de ce bambou, on va y mettre entre 1.8 kg et 3 kg de poudre mélangée avec des petits cailloux et du soufre. Pour éviter tout incident, le fond du canon est fermé de manière hermétique avec de l’argile et du papier et est bien protégé. L’ensemble du bambou est ensuite entouré par une corde afin de pouvoir y mettre des poignées pour en faciliter le transport et le maintient lorsqu’il est allumé. Mais malgré la simplicité du principe, la conception n’est pas si aisée que cela puisqu’un bon Tezutsu Hanabi se doit de tenir en flamme pendant environ 20 secondes, sinon il sera considéré comme raté. Les flammes et étincelles peuvent monter jusqu’à 20 mètres de haut et la chaleur est forte pour le porteur qui doit la subir. Ceci est donc dangereux et requiert un minimum de pratique et de sang-froid.
Ce canon est fabriqué par la personne qui le portera lors du Tezutsu Habani et il faut compter environ un mois pour sa fabrication complète, de la coupe jusqu’au remplissage. Pour ce faire, les anciens participants aident les nouveaux en leur enseignant comment s’y prendre.
Lors du festival, le bambou est posé au sol. La personne qui va le porter se tient debout avec un pied dessus tandis que la personne qui va l’allumer tient une tige enflammée dans sa main, prête à lancer le rituel d’allumage. Une fois le Tezutsu Hanabi allumé et les flammes commençant à jaillir, la personne qui a allumé la mèche donne l’autorisation au porteur de le prendre dans ses bras et de le tenir à la verticale, le long de son corps après avoir pris ses appuis. Le bambou est tenu ainsi jusqu’à la fin des flammes et un grand « boum » signalant qu’on est arrivé à la fin du feu d’artifice. Ensuite le bambou est jeté au sol avec fracas et c’est ce que l’on appelle « Hane ».
Voir le Tezutsu Hanabi au sanctuaire Nakago Susanoo Jinja
Si l’envie vous prenait de voir le Tezutsu Hanabi par vous-même, sachez qu’il y en a plusieurs par an dans la préfecture d’Aichi. Certains sont plus importants que d’autres, notamment en été, où le nombre de participants est bien plus élevé.
Je vous recommande vivement celui du Nakago Susanoo Jinja à Toyahashi, qui se déroule dans le petit sanctuaire du même nom, le 4ème samedi du mois d’avril, tous les ans. Dans l’après-midi, une procession de Mikoshi est effectuée jusqu’au sanctuaire puis aux environs de 18H00 le spectacle peut commencer avec l’allumage des Tezutsu Hanabi devant les spectateurs émerveillés.
L’ambiance y est plus intimiste, la proximité avec les participants est meilleure, la foule est moindre et la convivialité des Japonais sur place est vraiment excellente. On passe un bon moment à admirer ces feux d’artifices fait main tout en discutant avec les locaux. Et si vous habitez sur place au moins un mois avant le festival, vous pourrez même fabriquer votre propre Tezutsu Hanabi et prendre part à l’évènement, si l’envie vous en prenait.
Si vous voulez voir un feu d’artifice d’un autre genre, plus spectaculaire et artisanal, le Tezutsu Hanabi sera une belle opportunité pour vous.
Retrouvez le sanctuaire Nakago Susanoo Jinja sur Google Maps
Adresse : Nakagō, Hanadachō, Toyohashi-shi, Aichi-ken