Souvenirs goutte à goutte – Analyse

Nicolas 4 octobre 2016 0
Souvenirs goutte à goutte – Analyse

Souvenirs goutte à goutte est une œuvre d’Isao Takahata sortie en 1991. Un enchaînement de souvenirs imbriqué dans la trame principale nous fait découvrir le passé nippon.

Synopsis

Taeko est une jeune femme de 27 ans qui se remémore son passé lors d’un voyage à la campagne. C’est l’occasion pour elle de se souvenir de son histoire lors de l’année 1966, elle était alors âgée de 11 ans. Le film entremêle présent et passé tout au long de l’aventure.

Souvenirs goutte à goutte : un documentaire animé

Souvenirs goutte à goutte ( Omoide poro poro -おもひでぽろぽろ ) est un film du studio Ghibli, très peu connu du grand public, qui traite du passé et qui en profite pour nous dépeindre le Japon tel qu’il était avant et tel qu’il est aujourd’hui. En effet, ne vous attendez pas à voir des êtres surnaturels tels que Calcifer dans le Château Ambulant ou encore Totoro. Dans cette oeuvre, on ne traite que de la vie quotidienne. Isao Takahata aime bien réaliser des films assez proches de la réalité tout en restant dans le film d’animation. D’ailleurs, chacune de ses œuvres porte deux étiquettes. Pompoko traite de la protection de l’environnement et de ses habitants, le tombeau des lucioles était une critique de la guerre et Souvenirs goutte à goutte est plutôt un documentaire.
Takahata a décidé de faire de son film, une œuvre qui serait à la fois récréative et poétique et à la fois enrichissante et culturelle. Tout au long de l’histoire, on apprend diverses choses comme l’existence de la cueillette des fleurs de carthame, il s’agit d’une fleur qui permet la création d’une teinture à la couleur rouge intense. Pour apprendre les secrets de ce faux safran, le réalisateur s’est rendu à Yamagata et a consulté une multitude de livres traitant de cette plante pour finalement faire appel à un consultant, expert dans ce domaine. Rien n’est laissé au hasard, Isao Takahata ne veut pas se tromper en nous faisant apprécier et connaître le Japon d’antan.

Un regard sur l’évolution de la société

Ce film d’animation est certes un documentaire sur la campagne et l’agriculture mais c’est aussi un fabuleux récit décrivant la vie japonaise avec les bons comme les mauvais côtés. Il réussit à créer un parallèle entre la vie de Taeko à 11 ans et la vie actuelle de la jeune femme de 27 ans. Très vite on se rend compte que la femme, dans le quotidien japonais, est très mal considérée, que ce soit dans le passé ou encore actuellement. Plusieurs passages sont plutôt marquants et étayent cette opinion. Par exemple, la mère de Taeko est femme au foyer, comme cela se fait et se faisait souvent au Japon, souvenez-vous de Mes voisins les Yamada. Mais le plus choquant est la façon dont son mari lui parle, il lui donne des ordres, ni plus, ni moins. On peut également parler du fait que plusieurs personnes s’étonnent qu’elle ne soit pas encore mariée. Il faut savoir qu’après l’âge de 30 ans au Japon, les japonaises sont considérées comme vieille, il faut absolument se marier avant cet âge-là. Actuellement cette tradition a tendance à disparaître mais ce n’est qu’un début, beaucoup réfléchissent et agissent encore en fonction de cela.
Comme le fait souvent Hayao Miyazaki à travers ses œuvres comme ce fut le cas avec Nausicaa de la vallée du vent ou encore Princesse Mononoke, Isao Takahata nous parle de l’environnement. Taeko rencontre Toshio, un jeune homme devenu paysan dans l’agriculture biologique. Cette personne nous explique que l’agriculture se meurt lentement mais qu’il est déterminé à la faire survivre et ce, sans utiliser de produits chimiques dans la mesure du possible. L’ironie veuille qu’il fume, ce qui est légèrement contradictoire avec ce qu’il prône.
Enfin, je pense que le réalisateur a voulu, à travers cette œuvre, nous montrer l’évolution de la société japonaise sur une trentaine d’années. Il ne semble pas opposé à ce changement, bien au contraire, mais il émet des réserves, Isao Takahata nous met en garde sur les risques encourus.

Des souvenirs agréables

Le film est parsemé de petites scénettes du passé permettant de mieux comprendre les choix actuels de la jeune femme. On repense à notre premier amour, pour les filles, les règles sont également un moment marquant de leur histoire. Je me suis également revu à la cantine ne voulant pas finir mon assiette. La scène avec l’ananas est particulièrement amusante. Lorsque le père en achète, c’est l’effervescence dans la famille, sauf que leur ananas n’est pas mûr, mais personne ne s’en rend compte et c’est une déception unanime qui en ressort au moment de la dégustation. Tous ces moments, vous les avez surement vécu vous aussi, Takahata montre le réel quotidien d’une femme dans son film.
Par ailleurs, les graphismes m’ont profondément perturbé. En effet, Taeko est censé avoir 27 ans pourtant ses traits sont particulièrement marqués, elle en fait beaucoup plus. C’est alors qu’un souvenir apparaît et que je me suis rendu compte de l’effet recherché. Dans un souvenir, tout est toujours plus radieux, on améliore inconsciemment ses souvenirs et Takahata a décidé de le montrer grâce aux dessins, les personnages sont beaucoup plus harmonieux dans les flashback.
Au final, Isao Takahata joue avec notre nostalgie tout au long de son œuvre. Grâce ces 10 jours à la campagne, Taeko a décidé d’aller de l’avant et de laisser son âme d’enfant derrière elle. Ses souvenirs lui ont permis de grandir et d’accepter qui elle est.

Souvenirs goutte à goutte est un film agréable à regarder mais parfois un peu longuet, ce n’est pas forcément un film que je conseillerais mais il ne m’a pas déplu pour autant. L’œuvre est basée sur une tranche de la vie d’un personnage, ce n’est pas sensationnel mais très réaliste, à vous de voir si cela vous intéresse. N’hésitez pas non plus à me faire part de votre avis sur ce film.

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