Voici l’interview de Saki Minowa, réalisée au début de son Shu Katsu – job hunting, en décembre 2012. Une interview qui vous permettra de découvrir l’envers du décor de la recherche d’emploi au Japon.
Je vous invite à lire l’article sur le job hunting – Shu Katsu au Japon ici.
Le 1er décembre 2012, les entreprises japonaises annonçaient les emplois pour la nouvelle session de Shu Katsu ou job hunting pour les jeunes diplômés. J’en ai profité pour rencontrer Saki Minowa et réaliser une interview d’elle dans ce cadre afin de vous permettre d’en découvrir l’envers du décor.
QUI ES-TU SAKI MINOWA ?
Pourrais-tu te présenter à nous ?
Je m’appelle Saki Minowa, je suis japonaise et j’ai 20 ans. Je suis étudiante en business et communication, en 3ème année. Je suis de Chiba.
Quelles sont tes passions ?
J’aime beaucoup regarder des dvd, aller à des concerts, faire du shopping et sortir avec des amis.
SAKI A BOSTON – USA
Tu es allé à Boston, pourquoi ?
Dans mon université c’est une obligation. Les étudiants de 2ème année se doivent d’aller à Boston pendant 6 mois, sinon nous ne serons pas diplômés. Donc il n’y avait que des étudiants japonais, mais les professeurs étaient américains. L’université de Boston où nous allons est une antenne de notre université à Tokyo.
Comment s’est passé ce séjour?
J’étais en dortoir avec les autres étudiants. Ce fut une bonne expérience mais avec beaucoup de règles et de couvre feu (à 21h00). Par exemple, on ne pouvait pas sortir seul les 2 premiers mois de notre séjour. Il fallait au moins être 2.
Une fois, j’ai été en retard pour le couvre feu et j’avais oubliée de signer la feuille de sortie, avec mes heures de sortie et de retour, alors j’ai été sanctionnée (une heure à la bibliothèque et un essai d’une page à écrire). Mon université est vraiment stricte.
Pare exemple, si un étudiant, lors de son séjour à Boston, boit de l’alcool, il retourne immédiatement au Japon.
Qu’en as-tu retenu ?
C’était une excellente expérience pour moi. Les professeurs et le staff étaient vraiment gentils. Ils aiment beaucoup la culture japonaise et les japonais. J’ai pu avoir beaucoup de bons moments. Je garde d’ailleurs de bons contacts avec eux et je suis retournés les voir l’été dernier, par moi-même.
J’ai appris beaucoup de choses par mes professeurs et mes amis américains.
J’ai beaucoup aimé ma vie en dortoir. Je me rendais toujours dans la chambre de mes amies. On mangeait, regardait des films et discutait beaucoup. Je pouvais dormir tard et me réveiller à 08h00 car le dortoir était proche du campus et que les cours commençaient à 08h20.
Durant mon séjour sur place, j’enseignais le japonais aux étrangers, en tant que volontaire, dans mon université. J’aidais aussi les enseignants de japonais sur place.
J’avais aussi beaucoup de devoirs à la maison. Les cours finissaient à 14h30 mais j’avais beaucoup de travail. J’essayais toujours de les finir avec le dîner.
Les jeudis nous avions des sorties qui nous permettaient de visiter beaucoup d’endroits et de villes (New York, Washington, Niagara Falls, …) et de faire des pic-nic ensemble. Je pense que Boston est vraiment une bonne ville.
SAKI ET SON FUTUR
Comment vois-tu ton futur ?
Je voudrais avoir un travail que j’aime. Je n’ai pas encore décidé mais je cherche et j’essaye de trouver.
Après avoir travaillée 5 ou 6 ans, j’aimerais me rendre dans une école aux Etats-Unis ou en Angleterre et étudier les relations internationales ou bien le développement ou l’hospitalité.
J’aimerais aussi créer ma propre entreprise destinée à aider les étudiants japonais à se rendre à l’étranger dans le cadre de leur cursus scolaire ou universitaire. J’ai lu dans un journal que les jeunes japonais ne veulent pas aller étudier à l’étranger car le coût est élevé et que c’est beaucoup de problèmes et de difficultés pour eux.
J’ai aussi une autre option qui consisterait à être professeur de japonais à l’étranger. Je pense que cela peut-être intéressant et une excellente opportunité.
Donc les langues étrangères seront importantes pour ton futur ?
Je pense que l’anglais est une langue nécessaire et importante, voir même vitale. Il faudrait que les étudiants l’apprennent mieux mais l’éducation japonaise est mauvaise, surtout pour l’anglais. Après 8 ou 9 ans d’études ils ne peuvent pas parler anglais aussi bien que les chinois ou les coréens, par exemple. C’est pour cela que je pense qu’ils se doivent de se rendre à l’étranger.
Des entreprises utilisent l’anglais tous les jours, comme Rakuten ou Uniqlo. On ne peut plus ignorer l’anglais. Même le chinois devient important, c’est pour cela que j’ai décidé de l’apprendre à raison d’une fois par semaine, mais j’ai encore peu de chances de le pratiquer. Je peux comprendre les kanji mais pas les prononcer.
LE SHU KATSU SELON SAKI
Que penses-tu du job hunting au Japon ?
Depuis que j’étais au lycée, c’était l’une des choses les plus difficiles dans ma vie. Le Japanese Job Hunting (JJH) est quelque chose de vraiment difficile avec beaucoup d’étapes. Il y à tellement de choses à faire pour obtenir un emploi.
Il faut avoir un mental à toutes épreuves et d’un corps sain pour obtenir un emploi. J’en suis déjà fatiguée alors que je ne suis qu’au début. Je sens que si je n’ai pas d’emploi je me demanderais « mais que faire d’autre ? »
Certaines personnes postulent dans environ 60 entreprises mais n’obtiennent aucun emploi. Donc moi j’y pense.
Je pense que le Shu Katsu devrait être changé. Nous n’avons plus de temps pour étudier parce que la recherche d’emploi et nos études sont en même temps. Quelque fois cela me fait paniquer.
Que faudrait-il changer selon toi ?
Dans un premier temps, je dirais l’exam SPI (voir l’article sur le Shu Katsu au Japon pour plus d’infos sur les SPI). Je pense que ce qui est le plus important c’est ce que l’étudiant a fait durant son cursus universitaire et non pas les tests. Mais au Japon, les examens passent avant. Il faudrait que les entreprises regardent les résultats des étudiants à l’université, puis les rencontrent avant de prendre leurs décisions.
Si je devais recruter pour une entreprise, j’aimerais rencontrer beaucoup de candidats et leur poser des questions, car je ne pourrais pas me faire un véritable avis simplement en me basant sur leur CV et leurs résultats aux tests. Je pense que les « personality check » sont meilleurs que les SPI. D’ailleurs, à cause des SPI, beaucoup d’étudiants deviennent nerveux et c’est mauvais pour la santé.
Régulièrement, il y à des suicides à cause du job hunting au Japon. Cela arrive quand certains étudiants ratent leur recherche d’emploi et perdent confiance en eux. Certains vont dans un hôpital psychiatrique et d’autres ne mangent plus normalement et stress beaucoup.
Avec mes amis on discute beaucoup du job hunting et on essaye d’en rigoler. Mais c’est stressant et seulement stressant.
Comment te sens-tu maintenant ?
Durant la période de Noël, je voulais profiter avec mes amis, je voulais faire des choses sympas, mais j’avais beaucoup de choses à faire pour ma recherche d’emploi. J’ai donc abandonné toutes les choses amusantes.
Je n’ai presque plus de vie sociale. Certains étudiants gardent leur vie sociale, mais moi je veux consacrer mon temps pour le job hunting. Profiter de la vie avec mes amis c’est important pour moi, mais maintenant je pense que c’est une perte de temps. Si j’avais 5 ou 6 heures de libre je pourrais faire plein de choses pour mon job hunting. Profiter de ce temps avec mes amis me ferais avoir des regrets.
Je me dois de trouver une bonne balance entre le job hunting et ma vie sociale. Je pense que 60-70% de mon temps pour le job hunting et le reste pour ma vie sociale. Je pense sincèrement que le job hunting me rendra plus forte.
Si j’obtiens un emploi, je voyagerais durant l’été et ensuite je profiterais de ma vie.
Voici donc pour l’interview de Saki Minowa. Je tiens à la remercier pour son temps durant son job hunting et ces réponses sincères aux questions. Je lui souhaite de trouver son emploi idéal.
Que pensez-vous du job hunting et des choix de Saki ? Que pensez-vous de cette interview ?
C’est amusant, a titre personnel, je vois la recherche de travail comme du perte de temps que j’aurai pu passer avec mes amis, à l’opposé de cette Japonaise. je lui souhaite bien du courage dans ses projets 😉
Et oui, comme quoi les différences culturelles sont fortes parfois. C’est clair que vu le temps qu’ils passent dans leurs recherches d’emplois, ils n’ont plus beaucoup de vie sociale.
oui c’est partout pareil je pense moi après mes étude j’ai mi 6 mois a trouver mon premier vrai job. C’est la conjoncture qui veux ça a ce qui parait mdrrrr Et maintenant de vais d’intérim en intérim c’est plutôt sympa le changement 😉
Tu en as de la chance dis donc 😉
Ça doit effectivement être une période assez stressante, je lui souhaite bon courage pour la suite !
Super interview
Oui c’est super stressant pour beaucoup d’entre eux, si ce n’est pas tous 🙁
La vie professionnelle est pas facile au Japon,beaucoup de japonais meurent d’épuisement au travail ou même se suicide car il n’arrive plus à la gérer.
C’est clair que c’est très compliqué ici.
Je trouve ça trop. Il faut bien sûr chercher du travail pour gagner sa vie. Mais c’est poussé à l’extrême, comme on peut le voir avec les suicides, les burn out etc. Saki Minowa favorise la recherche d’un emploi sur sa vie sociale. C’est un choix qu’elle a fait. Elle semble s’y tenir et ne pas regretter. Je pense comme elle que cette expérience la rendra plus forte mais je pense également que ça peut faire l’effet inverse sur d’autres personnes.
Merci pour cette interview.
Ce n’est pas un choix qu’elle a fait, au Japon c’est comme ça, tu suis la règle où tu n’as pas de boulot 😉