Découvrons ensemble une œuvre sortie en 2008 sur les écrans japonais et 2009 chez nous. Dans Ponyo sur la falaise, le surnaturel prend place dès les premiers instants et s’installera de plus en plus profondément tout au long du film.
« Ponyo sur la falaise » (崖の上のポニ – Gake no ue no Ponyo) est le neuvième film de Hayao Miyazaki réalisé au sein du studio Ghibli. Il est, comme Mon voisin Totoro, destiné à un jeune public. Un film agréable au regard mais qui ne nous embarque pas dans son histoire comme l’a fait le Tombeau des Lucioles.
Synopsis :
Une histoire d’amitié et d’amour naît entre deux enfants. D’un côté Sosuke, fils de pêcheur âgé de 5 ans, de l’autre Ponyo, petite créature marine. La rencontre entre la fille d’une magnifique déesse des océans et cet humain va déclencher un énorme bouleversement. L’équilibre de la nature est menacé. Nos deux chérubins vont-ils abandonner leur idylle ou la planète ne fera-t-elle qu’une bouchée d’eux ?
Une écriture et une réalisation à la sauce Ghibli.
Ce qu’il faut savoir avant de regarder la plupart des films de Hayao Miyazaki, c’est que l’auteur débute la création du film par une scène qui ne sera pas forcément celle que nous visionnerons au démarrage. Ici par exemple le tsunami, pièce maitresse de l’œuvre, fut l’une des premières à avoir été réalisées. Souvenez-vous de ce passage, apothéose du film, où l’héroïne court sur les immenses vagues formées par ses consœurs. D’un côté, Ponyo représente le côté insouciant et drôle de notre jeunesse et de l’autre, le raz de marée nous rappelle que le danger existe, deux forces s’opposent à ce moment. Lors d’une scène de ce genre, on s’inquiète de ce qui va arriver aux héros mais le personnage de Sosuke étant présenté comme quelqu’un d’infaillible, les doutes s’envolent, il est impossible que cela puisse dégénérer. Peut-être que si le film avait été conçu dans un ordre différent, la réalisation de cette scène aurait été modifiée et nous aurions éprouvé d’autres sentiments. C’est un choix scénaristique de Miyazaki. Cette façon a des avantages mais également des inconvénients. Les dessins ne sont pas influencés par la suite de l’aventure étant donné qu’elle n’est pas connue mais en contre partie, l’histoire peut paraître décousue lors de certaines scènes.
Ponyo, un personnage extraordinaire.
Dans son œuvre, Miyazaki a décidé de centrer l’histoire sur deux personnages, Ponyo et Sosuke en ne développant pas les personnages secondaires. Ponyo est un personnage insolite, il est rare que l’héroïne d’un film d’animation soit une sorte d’amibe polymorphe dont la mère est une déesse, Granmamare, et le père un alchimiste, Fujimoto. Le début du conte est somptueux, rythmé par une rencontre féérique entre les deux protagonistes. Un jeune garçon découvre une bouteille renfermant une créature marine. N’écoutant que son courage, le jeune héros casse la bouteille permettant à la princesse de recouvrer sa liberté. Ne remarquez-vous rien ? Un homme sauvant une princesse ? Il s’agit effectivement d’un classique du genre, même si la bouteille est beaucoup moins impressionnante qu’une sorcière ou un dragon car n’oublions pas que l’enfant n’a que 5 ans ! Puis le conte s’évapore, les règles s’envolent. Sosuke s’étant blessé en brisant la bouteille, du sang apparaît. Ce sang, Ponyo va le lécher et l’absorber. Nous ne sommes plus dans la féérie des contes que nous connaissons. Nous pouvons percevoir un rapprochement avec le réel. Blesser un enfant est excessivement rare dans les histoires qui sont destinées à un public jeune.
Néanmoins, cet acte permettra à Ponyo d’évoluer, de marcher sur la Terre et de ressembler à n’importe quel enfant de son âge. Ce film ne présente pas de manichéisme. Comme souvent avec Miyazaki, aucun personnage n’est foncièrement méchant, ils œuvrent tous avec un but spécifique mais sans arrière-pensée.
Un univers féérique
Ne vous est-il jamais venu à l’idée que le monde aperçu dans le film n’existe pas en réalité ? La réalité est dépeinte comme un monde magnifique où tout fonctionne. Quelques éléments sont troublants. Une armée de poissons perçue comme des vagues par les autres êtres humains. Un poisson rouge ayant une tête humaine que seul un garçon et une dame âgée de la maison de retraite perçoivent. Notons également, que grâce à l’eau de l’océan, les mamies en fauteuil roulant retrouvent l’usage de leurs jambes. Tout au long du film nous pouvons observer des scènes particulières semant le doute. Sans compter que rien n’est vraiment mauvais dans cette histoire, tout est édulcoré au maximum. Pouvons-nous en déduire que ce que nous voyons n’est rien d’autre que le rêve d’un jeune garçon de 5 ans ? Rien n’est moins sûr, Hayao Miyazaki n’a jamais rien confirmé concernant cette théorie. Je pense que cette hypothèse est la bonne, mais ce n’est que la façon dont j’ai perçu le film
Une œuvre sans ambiguïté.
Certaines œuvres de Miyazaki sont en doubles lectures. Je vous en avais parlé lors de ma chronique sur Le voyage de Chihiro. Ponyo est d’un autre style. Nous pouvons voir de ci, de là, des allusions à la cause écologique comme les quelques ordures flottant au-dessus de l’océan. C’est un thème cher et abordé régulièrement dans les films développés par Hayao Miyazaki. L’histoire de Ponyo nous rappelle que de nombreuses et différentes formes de vies vivent en harmonie même tout n’est pas idyllique. Néanmoins, les passages défendant la nature ne sont pas aussi impressionnants que ceux de Princesse Mononoke où les deux mondes s’affrontaient brutalement. Ponyo sur la falaise est fait pour se détendre.
Une petite impression de déjà vu ?
J’aime penser qu’il s’agit d’une version contée différemment de « la Petite Sirène » de Hans Christian Andersen. Nous avons plusieurs éléments qui me font dire cela. Un prince et une sirène qui s’éprennent l’un de l’autre, le père de la fille qui ne veut pas de cet amour et une fin similaire ; la créature de l’océan renonce à son statut de créature marine et devient une humaine à part entière.
Néanmoins, les deux films ont des réalisations différentes qui les rendent uniques.
Au final, je n’ai pas du tout été comblé par ce film d’animation. Il s’agit d’une des œuvres du studio Ghibli que j’ai le moins apprécié. L’histoire n’est peut-être pas suffisamment développée à mon goût, voir trop enfantine. Et vous, Ponyo sur la falaise vous-a-t-il intéressé ? Fait-il parti des films de Hayao Miyazaki à voir absolument ?
Sympa la critique !
Personnellement je ne l’ai vu que par « zapping » : ce soir là j’attendais surtout le 2nd film de Miyazaki diffusé, à la suite, sur Arte.
C’est pas tant l’histoire qui m’a déplu – elle est simple et rafraîchissante – mais plutôt les traits des personnages. J’ai eu beaucoup de mal à accrocher et du coup j’ai dû voir que les 20-30 min en continu (une fois mes yeux habitués à ces traits et une fois rentrée dans l’histoire !).
Ce n’est donc pas mon préféré de Miyazaki !
A voir absolument ?
Ca dépend tellement des goûts de chacun…
Le château ambulant est un que j’ai énormément apprécié !