C’était le 11 mars 2011 à 14H46 au Japon, heure locale, la terre décida de trembler d’une telle force qu’une vague géante s’engouffra sur le sol et emporta tout sur son passage. Un véritable carnage, raconté encore et encore, pour ne pas oublier.
Le tremblement de terre du 11 mars 2011, dans le Tohoku, a définitivement marqué les esprits du fait de son ampleur et de ses ravages, dont les traces sont encore visible en 2015, dans la zone sinistrée, et qui marquera à vie tout ceux qui l’ont vécu de près ou de loin. Le 11 septembre 2011 j’ai effectué du volontariat dans la ville de Kamaishi (Iwate), elle aussi touchée par ce drame, et j’avoue avoir été fortement marqué par les choses que j’ai pu y voir. Ici, je ne vais pas vous expliquer, chiffres à la clé, l’ampleur de ce désastre, mais plutôt m’arrêter sur l’histoire de la maison où j’ai effectué ce volontariat. Une histoire entre faits réels et fiction, pour donner une autre image de ce jour si spécial pour beaucoup de japonais. Cette histoire n’est pas celle des habitants de ce logement mais celle de la maison elle-même, comment elle aurait pu vivre ce jour particulier. Récit.
Avant le 11 mars, tout va pour le mieux
C’est dans les hauteurs de Kamaishi, cette splendide ville portuaire, que j’ai été construite il y a de cela quelques années. Autour des mes fondations, solidement enracinées dans ce sol japonais réputé instable, se trouvent une forêt et d’autres maisons. Sur ma gauche se trouve une route, juste assez grande pour laisser passer 2 véhicules, qui mène directement au centre ville, éloignée de moi de quelques kilomètres. En cette belle année 2011 je ne suis âgée que de quelques années, je suis encore jeune et sans expérience.
Je me souviens lorsque les humains ont commencés à me construire, à m’imaginer, à vouloir me donner vie. Ils faisaient des plans, négociaient entre eux, étudiaient le terrain où je devais prendre forme. L’un des sujet qui revenait le plus souvent était celui des catastrophes naturelles. Il faut dire qu’entre les séismes et les potentiels Tsunami, il y avait de quoi être inquiet. Mais bon, dans mon cas, selon leurs dires, tout devrait bien se passer. Et oui, ils décidèrent de me construire sur les hauteurs de la ville, loin de l’océan et en respectant les normes antisismiques de 1981. Comme ils le disaient si bien, j’étais trop loin pour pouvoir être touchée par un Tsunami, et tellement solide qu’un tremblement de terre ne pouvait pas me détruire.
Le jour de mon inauguration, la famille qui venait de se saigner à blanc au travers d’un crédit pour m’acquérir, avait fait venir des moines pour me baptiser et ainsi que je puisse tenir mon rôle de protectrice envers eux. C’était ainsi la mission qui m’était confiée. Je me devais de protéger le grand-père, le père, la mère et la fille de cette famille adorable. Je devais leur fournir un toit sur la tête, les protéger contre le froid rugueux de l’hiver japonais, contre les intempéries de la saison des pluies, contre les typhons, les fortes chaleurs de l’été japonais et leur fournir un refuge en tout temps, afin qu’ils se sentent chez eux en tout instant. Après tout, c’était bien là mon rôle de maison d’une famille japonaise. Et il faut dire qu’ils me le rendaient bien, au quotidien, en s’occupant de moi, en m’entretenant et me refaisant une beauté de temps à autre.
11 mars 2011 à 14H46
J’ai toujours adoré vivre avec cette famille en mon sein. Le grand-père aimait se lever tôt pour aller au port et y faire sa balade quotidienne. Le père, pêcheur de métier, sentait le poisson à chaque fois qu’il revenait d’une virée en mer, mais je faisais en sorte que le bain qu’il prenait lui apporte tout le réconfort dont il pouvait avoir besoin. La mère, adorable en tout point, était toujours joviale, souriante et pleine de vie. Elle s’occupait au mieux de sa jeune fille, prenait soin de moi et aimait se prélasser devant la télé à l’heure de son drama japonais préféré. Et la fille, d’une timidité attendrissante, vivait son adolescence entourée de ses amies et collectait des souvenirs à la pelle, qu’elle rangeait dans le placard de sa chambre, ce placard dont la porte coulissante faisait vibrer à chaque fois qu’on l’ouvrait ou la fermait.
Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. De temps à autre je tremblais un peu, non pas que j’avais froid, mais simplement parce que la terre sur laquelle j’étais construite était un peu capricieuse. De temps à autre, à la télévision ils parlaient de ce phénomène de tremblement de terre qui touche mon cher pays le Japon, qui m’a vu naître. Il paraîtrait que mon pays subit 20% des plus importants tremblement annuels au monde. Lorsque j’entendais ces chiffres, je n’arrivais pas à m’imaginer ce que cela pouvait représenter. Je n’arrivais pas à mettre une image sur ces chiffres. Il faut dire que je suis une maison plutôt récente, que je n’ai que quelques années de vie et qu’un véritable gros séisme je n’en n’ai pas connu. Mais cela allait changer, plus vite que prévu.
Ce 11 mars 2011, en début d’après-midi, la maison s’était vidée, à part le grand-père qui s’était endormi, encore une fois, sur le canapé, fatigué par le poids de l’âge. Je tentais, tant bien que mal, de conserver la chaleur du chauffage à l’intérieur de mes murs afin de lui apporter un maximum de confort. Il faut dire que je l’aimais beaucoup ce petit vieillard, qui prenait soin de moi et me respectait comme si j’étais un de ses semblables. L’horloge faisait ses tic-tac habituels, qui m’apaisaient quotidiennement. Il était presque 15H00 et bientôt mes murs se remplieraient de vie à nouveau, avec la jeune fille qui rentrerait de l’école, accompagnée de sa maman, et certainement suivi du papa, un peu plus tard. Ils avaient prévu de manger un succulent Nabe pour se réchauffer en cette froide journée hivernale. Je m’imaginais déjà les odeurs de ce savoureux met quand soudain je me mis à bouger, mais contre ma volonté. A droite, à gauche, de droite à gauche, de va en vient, petit à petit je bougeais et je ne contrôlais pas ceci. Là, l’alarme du téléphone, nouvelle génération, du grand-père commençait à hurler « Jishin desu » et je compris que la terre entrait en colère et faisait un de ses nombreux caprices. Il était 14H46.
Mais cette fois, j’ai senti que quelque chose était différent, bien différent des fois précédentes, que j’avais connues. Cette fois, les secousses ne se sont pas arrêtées au bout de quelques secondes, loin de là. Au contraire, elles s’amplifiaient et je commençais à avoir peur de m’écrouler. Vu la violence des secousses, je me demandais combien de temps je pourrais tenir droite et fière. Je bougeais tellement que tous les objets tombaient de haut, que les portes s’ouvraient ou se fermaient, que la télé s’est explosée au sol, le frigo s’est vidé sur le même sol et mes vitres ont explosées, sans crier garde. C’est à ce moment là que grand-papa s’est réveillé, en sursaut. Il avait l’air tellement paisible lorsqu’il dormait, et maintenant il était terrifié, perdu, agar mais restait tout de même calme et s’empressa d’aller ouvrir ma porte d’entrée, tout en se protégeant la tête.
Au bout de quelques minutes j’arrêtais enfin de bouger. Quelle sensation bizarre que de se sentir emporter de droite à gauche, contre son gré et de ne rien pouvoir faire, rien du tout, de devoir subir sans rien dire et de prier pour ne pas s’écrouler, afin de ne pas écraser ceux que nous aimons et que nous sommes censés protéger. Je voyais grand-papa reprendre ses esprits et se précipiter sur le téléphone pour essayer d’appeler les autres membres de la famille. Mais cela semblait être mission impossible, certainement que les lignes devaient être occupées.
Et la vague déferla
Il voulu allumer la télévision, cet écran tout neuf acheté dernièrement à Yodobashi Camera. Mais il se rendit compte qu’il gisait au sol, dans un dernier râle, et qu’il était totalement éventré. Il sorti donc sa petite radio d’un des tiroirs de la commode du salon et s’installa à nouveau sur le canapé. Il mit la fréquence sur celle de la NHK, cette radio publique qui diffuse tous les messages du gouvernement en cas de catastrophe naturelle. Rapidement on entendit la voix du journaliste annonçant un grand séisme dans la région du Tohoku, d’une telle violence qu’il a atteint la capitale, cette grand ville qu’est Tokyo.
Mais, nous avons à peine eu le temps d’entendre ce message qu’une alarme assourdissante retenti dans nos oreilles. Une alarme que j’entendais pour la première fois après un séisme. Je l’avais déjà entendu auparavant, lors d’entraînements. Cette alarme m’a fait frissonner parce qu’il s’agissait de celle annonçant un possible tsunami. Puis, une petite voix féminine prit le relais et annonçait qu’un Tsunami se dirigeait vers la ville de Kamaishi, et demandait aux habitants de se réfugier dans les hauteurs des collines avoisinantes, pour se protéger.
Je pensais, qu’étant donné ma localisation, loin du port, grand-papa serait en sécurité avec moi. Et lui aussi semblait penser cela. Il est rapidement sorti dehors, a observé ce qui se passait, mais ne voyant pas la mer, il est rentré. Et c’est là qu’elle est arrivée, cette vaste étendue d’eau salée. Une vague, dans un grondement à vous glacer le sang, a débarquée d’on ne sait où. Elle avait suivi la route sinueuse pour venir nous chercher dans notre vallée. Elle grondait encore plus qu’un avion au décollage et faisait vibrer le sol tout autant qu’un séisme, ou presque. Depuis ma fenêtre à ma droite, je la voyais arriver et tout avaler sur son passage, même mes consœurs plus bas dans la vallée.
Je voulais prévenir grand-papa, lui dire de partir, de courir, de m’abandonner pour qu’il puisse se protéger, car je ne pensais que je pouvais résister à cette furie qui mangeait mes semblables, comme un ogre affamé et qui ne sera jamais rassasié. Mais, je ne suis qu’une maison et je ne pouvais rien faire pour prévenir ce petit vieillard qui n’était pas à l’abri dans mes murs, qui pourtant étaient censé le protéger. Et puis …. VLAN, j’ai été frappée par la droite par la vague, à l’odeur nauséabonde, à une vitesse hallucinante. Et, tout aussi rapidement, l’eau fit le tour de mes murs et montait, tellement vite que grand-papa ne pouvait rien faire qu’être embarqué par cette eau visqueuse et morbide. Je le voyais petit-à-petit se noyer dans une eau à la force surhumaine et qui embarqua le corps congelé de ce vieil homme jusqu’au plafond du salon pour l’y écraser. Je sentis son âme quitter son corps à ce moment là. Je voulais moi aussi m’en aller, j’étais détruite moralement, mais pas physiquement. Bizarrement je tenais sur mes pieds, mes fondations solidement enterrées dans cette terre japonaise. La vague avait atteint mon toit et remplissait ainsi les chambres à l’étage. Elle était entré dans les moindres recoins de mes méandres et me farfouillait à tel point qu’elle m’en chatouillait.
Puis, je sentis sa puissance baisser et qu’elle commençait à me quitter, à s’enfuir, comme si elle avait exploré tous mes recoins et qu’elle n’avait rien trouvé d’intéressant. Lorsque l’eau arriva à nouveau au niveau du salon, j’aperçus le corps livide de grand-papa, sans aucune vie. Et, en quelques secondes, la voiture de la famille qui était garé sur ma gauche arriva, emportée par la vague, par la fenêtre du salon et alla s’empaler sur le corps de feu grand-papa. La vague venait de me quitter. Mais cette vicieuse est revenu faire son manège une fois de plus, toujours sans aucune pitié pour tout ce qu’elle croisait sur son chemin. Elle finit par partir définitivement après deux tours dans mes antres et après avoir tout ravagé, laissant un spectacle de guerre en mon intérieur, en ayant fouillé mon intimité et celle de mes habitants. J’étais censé les protéger eux et leurs biens et je n’ai rien pu faire. Je me devais d’être leur lieu de réconfort et de refuge, mais j’ai failli à ma mission, tout en restant sur mes bases, sans m’écrouler. J’avais honte, je venais de survivre à ce drame qui venait d’emporter grand-papa sous mes yeux impuissants.
Les jours qui suivirent
Ce 11 mars 2011, je m’en souviendrais toute ma vie. Je ne l’oublierais jamais, et ni les jours qui ont suivit. Je suis restée là, seule et impuissante, pendant deux jours, avant de voir quelqu’un me rendre visite. Ce fut des inconnus en tenues de militaires, certainement les secours. Ils ont fouillé rapidement l’ensemble des pièces qui me composent, on enveloppé grand-papa dans une bâche bleue et l’ont emporté je ne sais où. Puis ils ont fait une croix sur un de mes murs extérieurs et ont écrit « 13 mars » avec une bombe de peinture, avant d’aller dans la maison voisine. Grand-papa était étalé dans une des camionnettes à côté d’autres bâches bleues contenant d’autres personnes qui n’ont pas pu se battre avec cette vague marron.
Quelques heures plus tard, papa, maman et la fille revenaient enfin me retrouver, les larmes aux yeux mais avec une forme de noblesse qui empêchait ces sanglots de couler sur leurs joues toutes blanches et qui sentaient l’effroi et le froid. Je voulais les prendre contre moi et tenter de les réconforter mais je ne pouvais rien faire de plus que de les observer. Ils rentraient petit à petit en mon intérieur, pour me scruter, m’examiner et m’occulter. Ils touchaient mes murs, les palpaient et étaient rassurés que je ne fus pas embarquée dans les flots au loin, dans cet océan ravageur et meurtrier. Et puis, au bout de quelques minutes, je vis la jeune fille lâcher quelques larmes lorsqu’elle entra dans sa chambre et constata que tous ses souvenirs, toute sa vie venait de partir à cause d’une vague sans pitié aucune. Ses photos avec ses amies étaient salies, son maquillage puait le sel, ses vêtements qu’elle aimait tant étaient presque moisis, son lit où elle aimait se dorloter n’était qu’un tas de coton boueux, et ses peluches avaient pris un bain involontaire qui les avaient martyrisées.
Enfin, on me nettoya
Puis, je tendis les oreilles pour écouter les conversations de la famille, et des voisins qui venaient parler avec eux. Ils n’avaient que quelques mots à la bouche: « tremblement de terre », « Tsunami », « drame », « Shoganai »… Shoganai, ce fameux état d’esprit japonais qui signifie « on ne peut rien y faire ». Voilà l’état d’esprit à ce moment là. Les familles constataient les dégâts et les pertes et se disaient qu’elles ne pouvaient rien y faire, que la nature avait été plus forte qu’eux tous réunis et qu’en quelques minutes elle venait de leur rappeler ceci, juste au cas où.
Il m’aura fallu attendre quelques mois avant que l’on vienne commencer à me nettoyer. Je suis restée, des semaines durant, puant la mort, le poisson avarié, l’eau de mer, la boue et la honte. Je ne pouvais rien faire, les volontaires semblaient tellement débordé avec ce qui s’était passé dans le centre ville, que beaucoup décrivaient comme un véritable champ de guerre, une guerre entre l’Homme et la Nature et que la nature a gagnée sans aucune pitié ni résistance. Ce n’est qu’au mois d’Août 2011 que les premiers volontaires ont fait leur apparition pour s’occuper de moi, et j’étais heureuse, parce qu’on allait enfin m’enlever les stigmates de ce désastre.
Ils commencèrent par le plus gros, nettoyé tout ce qu’ils pouvaient, tant bien que mal, et essayé de dégager la boue qui m’avait infiltrée jusque dans mes fondations. Je les voyais se suivre, presque toujours les mêmes, deux japonais et une américaine qui parlait bien le japonais. Je me dis alors que j’étais chanceuse de pouvoir bénéficier d’un tel traitement de faveur, alors que mes semblables avaient, pour la majorité, disparues dans la nature.
Le 11 septembre 2011, alors que le monde entier parlait des 10 ans des attaques terroriste sur les tours jumelles du World Trade Center, nous, les survivants de ce drame célébrions le 6ème mois de ce qui avait changé nos vies pour toujours. Ce jour là, un jeune homme français fit son apparition devant ma porte. Il était accompagné des deux volontaires japonais et de l’américaine. Il restait en permanence avec elle car il ne semblait pas pouvoir parler le japonais. Alors qu’il était équipé de bottes, gants et lunettes de protections, on lui confia des sac poubelles et on l’accompagna dans la chambre de la petite fille. Là, sur le visage de ce jeune homme, je lu sa désolation et vu qu’il se retint tant bien que mal de lâcher une larme. Au fur et à mesure qu’il jetai la vie de cette jeune fille à la poubelle je le sentais être pris de hauts le coeur. Je pense qu’il réalisait l’étendu du drame humain qui venait de nous frapper et je voulais le réconforter en lui disant que nous allions nous relever, parce que je commençais à fortement y croire.
Et enfin l’oubli frappa
Mais, malgré cette croyance que j’avais acquise, je sentais que le monde extérieur nous oubliais. Il y avait de moins en moins de volontaires et encore moins de volontaires étrangers, comme si les six premiers mois étaient les plus importants. Après quelques mois de plus, je devins de nouveau habitable et je revis la famille (le père, la mère et la fille) reprendre possession des lieux et essayer de reconstruire une nouvelle vie, dans un bric-à-brac de nouveaux et anciens, mobiliers et vêtements. Je ne sentais plus mauvais, après avoir été nettoyée de fond en comble et astiquée comme pas possible. On m’avait fait une nouvelle beauté.
Et, le soir venu, lorsque la famille se réunissait dans le salon devant la nouvelle télévision, je regardais avec eux les bulletins d’informations. Rapidement, je sentis que le monde nous oubliais, que nous n’existions plus. Quelques mois auparavant, j’avais le sentiment que tout le monde ne parlait que de nous, les victimes de ce drame, que les projecteurs étaient tournés sur nous, les pauvres gens attaqués par une vague immense. Mais, ces mêmes projecteurs se tournaient de plus en plus sur une ville dont je ne soupçonnais même pas l’existence auparavant: FUKUSHIMA.
Plus les semaines avançaient et plus les journaux télévisés parlaient de « drame de Fukushima » au lieu de « drame du Tohoku », surtout à l’étranger. La jeune fille, qui a un excellent niveau en anglais, aime à consulter les informations en langues étrangères sur Internet, et je suis cela du coin de l’oeil par dessus son épaule. Ce que je pouvais constater c’est que les médias étrangers, tous les 11 mars, année après année, parlent de nous, mais pas de nous à Kamaishi et les autres villes qui ont été ravagées ainsi que les victimes laissées pour compte sur le bord de la route. Non, ces médias étrangers ne parlent que de Fukushima, ou presque. C’est Fukushima à toutes les sauces, avec des titres de unes plus racoleurs les uns que les autres. A les lire, j’ai l’impression que mon pays, le Japon, que j’aime tant va s’écrouler, alors que cela ne semble pas être le cas. Par contre, ma vie de maisonnée et celle de ma famille, qui vit en mon sein, elle, s’est bien écroulée, à été fouetté avec sévérité par la nature, et cela personne n’en parle. Peut-être que nous ne sommes pas assez intéressant, pas autant qu’une centrale nucléaire qui attire tous les regards…
4 ans déjà …
Le Japon se relève, tant bien que mal de ce drame, surtout les régions sinistrées, qui ont tendance à être oubliées de tous, tout au long de l’année, et remise, brièvement, à la une le 11 mars de chaque année. En ce 11 mars 2015, il ne faut pas oublier que beaucoup des sinistrés n’ont pas encore retrouvés de logement stable pour recommencer leur vie, que beaucoup d’entre eux ne savent pas de quoi sera composé leur futur et espèrent pouvoir bientôt voir la fin de cette histoire dramatique.
Ne les oublions pas. Si vous en avez l’occasion allez les aider, parce qu’il y a encore des besoins, et montrez leur que personne ne les oublie et que les regards ne se focalisent pas uniquement sur Fukushima et sa centrale.
Pour ceux qui viennent au Japon, pour un voyage ou y vivre, n’oubliez pas que les séismes ne sont pas un jeu. Je dis cela car régulièrement je lis des commentaires de personnes qui espèrent pouvoir en vivre, comme s’il s’agissait d’une simple attraction intéressante à vivre une fois dans sa vie. Si vous voulez en faire l’expérience, rendez-vous dans le simulateur de tremblement de terre à Ikebukuro, c’est gratuit et instructif. Sinon, vous pouvez lire mon guide « que faire en cas de tremblement de terre au Japon« , et je vous recommande vivement la lecture de « L’océan dans la rizière » par Richard Collasse, qui retrace les évènements du 11 mars 2011 vécus par un jeune enfant de Kesennuma.
Le Japon a été violemment frappé par la catastrophe du 11 mars 2011 mais il se relève, petit à petit, comme il l’a toujours fait, et il faut garder ceci à l’esprit.
Merci pour cet article, très émouvant. En pensée avec tous les gens touchés par cette catastrophe…
De rien 😉
Le temps passe vite… très beau style d’écriture, j’ai bien aimé cette prise de position.
T’es arrivé au Japon juste après en fait je vois (Mai 2011), ça t’effrayait pas quelque part d’arriver dans ce pays « instable » ?, moi je sais que ma mère ça l’angoisserait pas mal si je dis « je pars vivre au Japon » (déjà qu’en Thailande c’est pas toujours ça…)
Non au contraire, le fait qu’ils aient l’expérience de gérer ce genre de situations est rassurant en soit ^^