Kanta est le propriétaire de Leafcup English Cafe, une entreprise japonaise à succès. Je vous propose son interview vérité où tout y est abordé, sans concession.
J’ai travaillé à Leafcup Tokyo et Yokohama entre Juillet et Octobre 2011 (j’ai cessé de travailler à Leafcup car ils manquent de respect à leurs employés et vous pouvez lire cela dans mon article intitulé : Leafcup un manque de respect pour ses employés). Aujourd’hui, je vous propose de découvrir Kanta, le propriétaire fondateur de cette entreprise japonaise.
QUI ES-TU KANTA ?
Pourrais-tu te présenter brièvement s’il te plaît ?
Je m’appelle Kanta, propriétaire de Leafcup English Cafe. Je suis originaire d’Osaka. J’habite à Tokyo depuis 16 ans maintenant. J’ai 38 ans. Avant d’être le propriétaire de Leafcup, j’étais un Ingénieur système.
KANTA ET L’ANGLAIS
Pourquoi apprenais-tu l’Anglais ?
Quand j’avais 23 ans, j’ai commencé à travailler pour une entreprise américaine, mais je ne parlais pas un seul mot d’anglais.
Comment apprenais-tu l’Anglais ?
J’apprenais en allant à l’école. J’ai été dans 3 écoles différentes en 3 ans. A chaque fois je restais une seule année. Pour la deuxième école, le gouvernement japonais me payait 80% des frais de scolarité.
Pourquoi as-tu arrêté d’aller à l’école ?
Je n’ai pas renouvelé mon contrat à l’école parce que j’apprenais au sein de mon entreprise.
Allais-tu dans des English Cafe? Si oui, pourquoi ?
Oui j’y allais, et c’était pour améliorer mon anglais car je travaillais pour une entreprise américaine. J’allais à Mickey House et Comm’In.
Que pensais-tu de Comm’In et de Mickey House ?
J’allais principalement à Mickey House. Je m’y suis rendu seulement 2 ou 3 fois. A l’époque j’avais 24 ou 25 ans. En ce qui concerne Mickey House, j’aimais beaucoup l’atmosphère qui est très conviviale et détendue. De plus, j’habitais à Takadanobaba à l’époque, donc c’était proche de chez moi.
Pour Comm’In j’aimais beaucoup le fait qu’il y ait toujours au moins un « étranger » à chaque table, comparé à Mickey House.
POURQUOI LEAFCUP
Pourquoi voulais-tu commencer ta propre entreprise ?
Mon travail commençait à m’ennuyer, même si j’y avais un très bon salaire. Je voulais gérer ma propre entreprise. Mais je n’étais pas sérieux, au début. Après 6 mois, j’ai commencé à devenir plus sérieux sur ce projet.
Pourquoi Leafcup ?
J’étais devant un ordinateur toute la journée et je voulais du changement. De plus, j’étais client d’autres English Cafe à l’époque (Comm’In et Mickey House). Donc j’ai pensé que cela serait une bonne idée. Lorsque j’avais 30 ans, je pensais déjà à quitter mon emploi.
Leafcup c’était mon premier essai. Je n’avais jamais fais de business avant cela. Je n’y connaissais rien au domaine des ventes ou du marketing. Je suis donc allé dans d’autres English Cafe, et j’ai copié leurs modèles. J’ai fais ce que nous faisons souvent au Japon : une copie « améliorée »
Je n’ai absolument rien créé par moi-même, j’ai simplement copié un concept.
Et comparé à ces entreprises, je me suis concentré sur mon SEO (Search Engine Optimizer) afin d’être plus visible qu’eux sur le Net. Mon SEO est le meilleur du marché.
Etais-tu seul pour créer ce projet ?
Oui j’étais seul et je le suis toujours. J’ai juste employé 2 personnes à temps-plein.
LES DEBUTS DE LEAFCUP
Où as-tu ouvert ton premier Leafcup et pourquoi ?
Je l’ai ouvert à Iidabashi – Tokyo car il y à 5 lignes de trains et métro et qu’à l’époque je vivais à Tokyo. J’ai commencé en 2006. J’avais quitté mon travail et j’avais 31 ans.
Comment se sont passés les débuts de Leafcup ?
Le premier jour, j’ai eu 5 clients. Et puis cela à commencé à croître régulièrement. Mais je perdais toujours de l’argent la première année. Les débuts étaient vraiment difficiles. J’avais ouvert le premier Leacfup en Mai 2006, et en octobre 2006 je retournais travailler dans une entreprise en tant que salarié, pour un an et demi.
En 2008, je quittais mon emploi encore une fois, car je pouvais enfin me rémunérer grâce à Leafcup. Lorsque j’avais ouvert Leafcup Iidabashi en mai 2006, j’avais 5 Million de Yen (50000 euros) et en Octobre 2006, je n’avais plus rien.
Quand as-tu ouvert les autres Leafcup ? Et comment cela s’est-il passé ?
J’ai ouvert Leafcup Yokohama en 2009. La première année fût très difficile. Je n’ai commencé à y faire des profits qu’après une année d’existence.
En octobre 2010, j’ouvrais Leafcup Osaka, quand Leafcup Yokohama commençais à devenir profitable. Je n’y ai pas passé beaucoup de temps. J’ai embauché une personne à plein temps pour y travailler (Mike qui vient d’Angleterre). Leafcup Osaka à commencé à générer des profits après une année d’existence, mais pas beaucoup non plus.
En Mars 2011, juste avant le Grand Tremblement de Terre de Tohoku, j’ouvrais Leafcup Shibuya. Il est devenu bénéficiaire au bout de 3 mois. Mais cela était dû au faite que beaucoup de clients de Leafcup Iidabashi se rendaient à Leafcup Shibuya. Leafcup Iidabashi à donc perdu près de 2 Million de Yen par mois (mais reste bénéficiaire) depuis ce jour.
En Septembre 2011, j’ai ouvert Leafcup Omiya, au Nord de Tokyo, dans le Saitama. Il n’est toujours pas bénéficiaire. J’y réalise un chiffre d’affaire d’environ 300000 à 400000 Yen par mois.
A quand les prochains Leafcup ?
Quand Leafcup Omiya sera rentable, j’ouvrirais Leafcup Nagoya. Au cours des 5 à 10 ans à venir, je compte ouvrir un Leafcup à Kobe, Hakata, Sapporo, Ikebukuro, Kyoto, Chiba, Seoul (Corée du Sud), Shanghai (Chine) et même d’autres pays. Je choisi les emplacements dans des grandes villes sans faire aucune études de marché au préalable. J’espère avoir 20 Leafcup d’ici là.
As-tu rencontré des difficultés ?
Oui, Leafcup Omiya semble être vraiment difficile à lancer. Je devrais peut-être dépenser plus d’argent en communication.
Comment communiques-tu autour de Leafcup ?
Habituellement avec le site Internet de Leafcup. Depuis 2011, j’ai commencé à utiliser Groupon et Pompare. Les 3 fonctionnent très bien.
Tu as parlé du tremblement de terre du 11 mars 2011 un peu plus tôt. Comment cela s’est-il passé pour Leafcup ?
J’ai fermé Leafcup pour une semaine, sauf celui d’Osaka. Nous avons perdu beaucoup d’étudiants. J’ai donc réduit le Staff de Leafcup en général. Depuis l’été 2011 tout commence à revenir à la normale, mais pas au niveau d’avant le tremblement de terre.
On est très dépendant des tremblements de terre car les clients, en cas de séisme, utilisent leur argent uniquement pour les produits de premières nécessité.
LEAFCUP, SES CLIENTS, SON STAFF, SA CONCURRENCE :
Que proposes Leafcup ?
Au début, je proposais uniquement des Chat Table (table de conversation) et des soirées évènementielles. Après 1 mois d’existence, j’ai ouvert une école d’anglais au sein de Leafcup. Parce que des clients l’ont réclamés, j’ai commencés aussi à offrir d’autres langues telles que le français, le coréen, l’espagnol, l’allemand …
Quelle est le « produit » phare de Leafcup ?
Les leçons d’Anglais sont mon meilleur produit car elles attirent beaucoup d’étudiants. Ensuite, ces étudiants peuvent utiliser les Chat Table pour moitié prix. Sur les soirées évènementielles, je ne réalise pas un chiffre d’affaire important. J’en organise 2 par mois et le nombre de participants ne cesse de baisser.
Qui sont les clients de Leafcup ?
Ce sont essentiellement des Salary Men et des Offices Lady (employés de bureau) entre 20 et 30 ans. Quelques fois nous avons des personnes de 40 à 60 ans. Et de manière plus rare, nous avons des clients de plus de 80 ans.
Sur les Chat Table, nous avons plus d’hommes que de femmes. C’est pour cela que j’ai commencé à offrir le « Ladies Day » le mercredi (avec 200 Yen de ristourne) afin de les attirer, et cela fonctionne plutôt bien. Je pense d’ailleurs à augmenter le nombre de Ladies Day.
Lors des soirées évènementielles, il y à beaucoup plus d’hommes que de femmes. Et la majorité des participants sont des Japonais. Il y à très peu d’étrangers. Je suis obligé de demander à mes employés de venir afin de compenser cela. Les étrangers ne viennent pas à mes soirées évènementielles.
Pour les leçons d’anglais, il y à environ 60 à 70% de femmes. Elles préfèrent les leçons plus que les Chat Table. Elles veulent apprendre et sont peut-être plus timide que les hommes. Sur les Chat Table vous ne pouvez pas être timide, mais sur les leçons vous le pouvez.
Qui sont les employés de Leafcup ?
Pour les Chat Host (Animateur des Tables de Conversation) j’embauche essentiellement des étrangers avec un Permis Vacances Travail Japon, ou un visa d’enseignant ou un visa d’époux.
A l’heure actuelle j’ai 750 Chat Host et je me sépare de ceux qui ne conviennent pas au fur et à mesure. Il faut qu’ils soient apte à dialoguer, animer, sociable et qu’ils dialoguent avec tout le monde. Je leurs donnent un essai avant de les embaucher. Enfin, après chaque journée de travail ils sont évalués par le responsable du Leafcup (une note entre 1 et 5 leurs est attribués). Pour les professeurs d’Anglais, j’utilise les mêmes critères que pour les Chat Host. D’ailleurs un bon Chat Host peut devenir un bon professeur.
Je ne demande aucune expérience, aucun diplôme. Cela n’est pas important pour moi. Un bon professeur est celui qui pense à faire progresser les étudiants. J’évalue mes professeurs sur le ressentis des étudiants. Je recrute mon personnel en publiant des annonces sur Métropolis (journal et site Internet), Tokyo Notice Board mais aussi par le bouche à oreille et mon site Internet.
Quel salaire proposes-tu aux employés de Leafcup ?
Les Chat Host sont rémunérés 1000 Yen par heure si ils ouvrent un Facebook Fan Page en leur nom et y font la promotion de Leafcup (sinon ils sont rémunérés 800 Yen de l’heure).
Pour les professeurs d’anglais, cela dépend du nombre d’étudiants qu’ils ont durant leurs leçons :
- 1 étudiant : 2400 Yenpar leçon (d’une durée de 1H30)
- Par étudiant supplémentaire, le professeur obtient 200 Yen
- Un maximum de 3800 Yen par leçon a été fixé
Peux-tu me dire les résultats financiers de Leafcup ?
L’ensemble des Leafcup ont réalisés un chiffre d’affaires annuel de 120 Million de Yen. Je n’ai réalisé aucun bénéfice. Je dispose d’environ 420 étudiants et 1000 clients pour les Chat Table.
Qui est la concurrence de Leafcup ?
Je pense qu’il s’agit des écoles d’anglais. Les autres English cafe ne peuvent pas être mes concurrents car ils sont trop petits. Je dispose de plus de cafés qu’eux pour qu’ils puissent me concurrencer.
Je tiens à remercier Kanta pour le temps qu’il m’a accordé pour cette interview. Je vous propose de lire mes autres articles concernant mon expérience à Leafcup Tokyo et Yokohama :