Tous les amoureux des films d’animations vous citeront le Studio Ghibli comme étant une référence mondiale et incontournable. Je vous propose ici un historique de ce studio d’animation japonais hors du commun.
Les films du Studio Ghibli sont toujours propice à un grand succès mondial. Dès qu’un nouveau titre est annoncé à la sortie, des millions de personnes en attendent les premières images pour en admirer la qualité et en voir son histoire. Mais avant que l’un des plus grands studios de l’histoire du cinéma d’animation japonais ne devienne ce qu’il est, il aura fallu patienter des années et connaître des débuts qui ne furent pas toujours facile.
La naissance du Studio Ghibli
Même si le studio d’animation fut créé le 15 juin 1985, il faut remonter quelques décennies auparavant pour en trouver ses racines. C’est en 1959 que Isao Takahata commence à travailler au sein du studio Toei, et en 1963 Hayao Miyazaki fera lui aussi ses débuts dans cette même entreprise. C’est à partir de là que des liens forts, notamment professionnels, vont se créer entre les deux hommes, qui ne se sépareront plus et travailleront ensemble sur de nombreux projets.
Alors que Miyazaki avait publié son manga Nausicaä au sein du magazine d’animation Animage, la société détentrice de ce dernier (Tokuma Shoten), lui propose de concevoir celui-ci en film d’animation en 1983. Après des recherches poussées, Takahata, qui travaille aussi sur le projet, va choisir de collaborer avec le studio Topcraft pour concevoir le film. Cet évènement va consister en ce qui sera le point de départ de la future aventure du Studio Ghibli.
Malgré le succès du film d’animation intitulé Nausicaä, la société Topcraft cesse définitivement son activité. C’est ainsi, et après avoir obtenu le soutien de Tokuma Shoten (qui intégrera le studio en tant que filiale), qu’une bonne partie des équipes d’animateurs de Topcraft sera débauchée et que le Studio Ghibli est créé le 15 juin 1985, au sein d’un étage d’un immeuble localisé à Kichioji – Tokyo.
Ainsi, le film Nausicaä se retrouve dans une situation que l’on pourrait considérée d’hybride, puisqu’il a été conçu avant la création du Studio Ghibli, mais qu’il est tout de même considéré comme faisant parti du répertoire officiel du studio. Les équipes de conception étant les mêmes que celles travaillant pour le studio d’animation à son lancement, il a été considéré que le film faisait parti de ce répertoire, même si le véritable premier titre (long métrage) est « Le château dans le ciel ».7
Alors que Takahata propose un nom à consonance japonaise « Musashino Kobo » (atelier Musashino), Miyazaki préfère attribuer un autre nom à ce nouveau studio, qui est une véritable consécration pour les deux hommes et l’occasion rêvée d’exprimer librement leurs talents. Ainsi, « Studio Ghibli » (スタジオジブリ), désignant un vent chaud soufflant dans le désert du désert Sahara et utilisé par les pilotes italiens pour nommer leur avions de reconnaissances (Caproni Ca.309 Ghibli) lors de la seconde guerre mondiale, est choisi. Miyazaki a toujours été un grand fan des avions et il veut, au travers de ce nom, insuffler un nouveau souffle au sein de l’animation japonaise. C’est au moment de retranscrire le nom en langue japonaise, à l’enregistrement, qu’une erreur sera commise comparé à la prononciation originale du mot. Ainsi, « Guibli » deviendra « Djibli » et lorsque l’erreur sera constaté, il sera trop tard pour apporter toute modification à la prononciation, celle-ci restera pour toujours.
Des premiers pas à la pérennisation
Il est bon de savoir qu’au moment où le Studio Ghibli est lancé, les longs-métrages d’animation ne sont pas encore légion au Japon et que le format séries animées ou encore « moyens-métrages » est plus prisé. Les studios ont tendance à privilégier des productions en matière de rentabilité et de délais court de production, ce qui va à l’encontre de ce que Takahata et Miyazaki veulent réaliser. Ces deux derniers veulent absolument privilégier la qualité technique et scénaristique.
Ainsi, au moment du lancement du Studio Ghibli ce dernier voit sa pérennité et sa survie conditionnées au succès auprès du grand public. Si un film atteint ses objectifs et séduit le public, il permettra de financer le film suivant et ainsi de suite. Si jamais le film produit ne rencontre pas de succès le studio serait tout simplement menacé de disparition. Pour faire face à cette situation encore précaire, il est décidé d’embaucher les équipes de productions uniquement pour la durée de la création et de les renouveler en cas de succès pour la réalisation du film suivant.
C’est en août 1986 que le premier film de Hayao Miyazaki produit pour le compte du Studio Ghibli sort et il s’agit du titre « Le château dans le ciel », qui rencontre un sacré succès avec environ 800.000 spectateurs dans les salles japonaises. Ceci permettra donc de financer la production suivante. Il faudra attendre la sortie du film « Kiki la petite sorcière » en 1989 pour que la prochaine équipe de production puisse prendre le statut de salarié au sein du studio avec une rémunération fixe, et non plus à la création comme ce fût le cas auparavant. Ce système prendra place pour le film « Souvenirs Goutte à Goutte ». A ce moment là, Toshio Suzuku rejoint le studio pour en devenir le célèbre producteur, et le recrutement et la formation des employés devient une chose régulière et normale.
Avec cette forte augmentation des charges salariales il aura fallu assurer une plus grande promotion de films à leur sortie afin de cibler un public plus large et de garantir plus de résultats financiers, et ceci sera expérimenté avec le film « Souvenirs Goutte à Goutte ».
Par la suite, avec le fort succès du film « Mon voisin Totoro », le héros deviendra la mascotte officielle du Studio Ghibli, et des produits dérivés des films commenceront à être commercialisés dès 1990. Ceci permettra de générer de nouvelles recettes qui permettront au studio de commencer à produire « Porco Rosso » alors même que « Souvenirs Goutte à Goutte » n’est pas encore achevé. Le studio change ainsi de dimension et sa pérennité financière commence à être assurée.
Alors qu’environ 90 employés travaillent dans les premiers locaux du studio, en 1991, pendant la production de « Porco Rosso », Miyazaki entreprend de faire construire un nouveau studio plus adaptés aux besoins des employés et afin de permettre à chacun de travailler dans de meilleures conditions au quotidien. Il se chargera lui-même des plans du lieu (quatre étages avec un sous-sol) qui prendra place à Koganei, dans l’Ouest du grand Tokyo, en août 1992.
En 1993, « Je peux entendre l’Océan » est un film réalisé par une équipe jeune et surtout qui ne comprend ni Miyazaki no Takahata, ce qui fut une première au sein du studio. Autre première, le film ne sera pas diffusé au cinéma mais fera ses débuts à la télé et rencontrera un franc succès. En 1994, « Pompoko » sera le premier film du studio à utiliser des images de synthèse. Le studio s’adapte à son temps tout en gardant sa touche personnelle et sa recherche de la qualité avant tout.
Développement à l’international du studio
Depuis sa création, l’international n’est guère la priorité du studio qui se contente du marché japonais pour faire connaître ses films. Alors que la production du film « Princesse Mononoké » commence à coûter cher au studio, celui-ci commence à regarder vers les marchés étrangers afin de « rentabiliser » ses investissements et continuer à assurer la pérennité de son activité.
Studio Ghibli est courtisé par de nombreux grands acteurs mondiaux qui aimeraient récupérer les droits internationaux de ce géant japonais, mais qui se heurtent aux refus de Miyazaki, notamment, qui ne veut pas que ses œuvres soient modifiées, même un peu. Seul Disney accepte ces conditions et c’est ainsi que le 23 juillet 1996 Tokuma et Disney / Buena Vista signent un contrat de partenariat très strict, qui permettra à Disney de distribuer les œuvres du studio dans le monde entier, à l’exception de l’Asie.
En 2005, le Studio Ghibli va finir par s’éloigner de Tokuma Shoten pour avoir sa totale indépendance. A ce moment là, à très peu de choses près le studio a faillit changer de noms (à cause de droits d’auteurs), et aurait pu commencer à s’appeler « Sirocco », autre nom d’un vent du désert du Sahara.
Au jour d’aujourd’hui, 30 ans après sa création, le Studio Ghibli est un incontournable et un mastodonte de l’animation japonaise et mondiale, qui ravit petits et grands, à chacune de ses oeuvres. Il existe même le Musée Ghibli à Tokyo.
Vous pouvez consulter le Site officiel et la Page Facebook officielle en français pour plus d’infos au quotidien sur ce Studio Ghibli.