Fukushima, les voix silencieuses se veut être un documentaire plongeant dans l’intimité de Japonais vivant dans la zone d’exclusion volontaire, non loin de la centrale nucléaire Fukushima Daiichi, fortement touchée par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011.
« Fukushima, Fukushima, Fukushima … » en 2011, à partir du 11 mars plus précisément, ce nom a résonné à travers toute la planète, comme une trainée de poudre de couleur verte. Aujourd’hui encore il est le symbole d’un désastre qui a marqué et marque encore les esprits. Mais, de ce qui se passe sur place on entend que très rarement, si ce n’est jamais, la voix de ceux qui vivent avec cela au quotidien, ceux qui doivent vivre avec, par choix ou non, et ce jusqu’à la fin, si jamais il y en a une. Et puis, « Fukushima, les voix silencieuses », documentaire réalisé par Chiho Sato et Lucas Rue est venu corriger, à son niveau, cette erreur pour donner la parole aux locaux, à ceux vivant dans la zone d’évacuation volontaire de Fukushima (dans un rayon de 60 km autour de la centrale de Fukushima Daiichi).
Avant-propos
Il s’en dit des choses depuis le 11 mars 2011 et surtout depuis que le monde a découvert les premières images du drame. Depuis que la terre a tremblé comme jamais au Japon et que la vague est venue faire ses ravages, de nombreux « experts » se sont manifestés à travers le monde pour nous prêcher leurs bonnes paroles sur ce qui s’est passé et se passe encore à Fukushima !
Fukushima, un nom inconnu jusqu’au 11 mars 2011, connu du monde entier dans les jours, semaines et mois qui ont suivi et qui ressort régulièrement depuis. Un nom usé à toutes les sauces, par beaucoup de monde, pour « identifier » un drame qui a touché et touche encore beaucoup de monde. Un nom souvent utilisé à tort et qui porte tort à toute une population !
Sur ce blog, j’ai fait le choix de ne pas me prononcer sur la catastrophe nucléaire de Fukushima et je m’y tiendrais ! Pourquoi ? Non pas que je n’ai pas d’avis sur la question, loin de là (je suis clairement anti-nucléaire) mais plutôt que je ne suis pas un expert en la question et que je ne veux pas prendre part au flot de « conneries » (positives et négatives) qui s’écrivent quasi-quotidiennement sur ce sujet ! J’ai toujours estimé que sur des sujets aussi importants il fallait faire attention à ce que l’on dit, encore plus lorsque l’on ne maitrise pas la question !
J’aurais pu traiter de ce sujet à de nombreuses reprises sur ce blog, y gagner beaucoup de visites et de visibilité, mais je ne veux pas rentrer dans ce jeu qui au final porte atteinte aux habitants de la ville de Fukushima et de la préfecture du même nom ! Parce que OUI, Fukushima ce n’est pas une centrale nucléaire mais une ville qui est la capitale de la préfecture du même nom (troisième préfecture japonaise en terme de taille et de toute beauté avec des habitants charmants et accueillants) !
Enfin, on donne la parole aux locaux !
Tepco s’est exprimée ! Les politiques japonais se sont exprimés ! Les politiques étrangers se sont exprimés ! Les experts japonais et mondiaux se sont exprimés ! Les « experts auto-proclamés » (vous savez, ceux qui profitent du fait qu’aujourd’hui il est facile de créer un site Internet pour exprimer son opinion) se sont exprimés ! … Mais jusque-là, la voix des personnes vivant au quotidien dans la zone dite d’évacuation volontaire n’était pas audible, encore plus avec le temps qui passe, les jours qui disparaissent et les mois et années qui font que cette catastrophe devient de plus en plus « anecdotique » pour le grand public. Il était temps de pouvoir enfin entendre la voix des locaux, leur ressentis sur ce qu’ils vivent, ou non, au quotidien et c’est ce que le documentaire « Fukushima : les voix silencieuses » s’attelle à faire et avec brio !
Comme je vous le dit dans l’avant-propos, je refuse de prendre part au déluge d’informations, positives comme négatives, concernant ce qui s’est passé et se passe à Fukushima Daiichi. Régulièrement, je reçois des demandes pour partager telle ou telle information, tel ou tel article, tel ou tel projet en rapport avec Fukushima Daiichi, … et je refuse parce que ce sont souvent des contenus réalisés par de non-experts s’exprimant sans aucune certitude si ce n’est qu’ils pensent prêcher la bonne parole. J’estime que je ne dois pas rajouter de l’huile sur le feu et je me tiens donc à ma position initiale : ne pas communiquer sur le sujet, ne pas exprimer publiquement mon ressenti car je ne suis personne pour m’y atteler !
Par contre, lorsque Lucas Rue et Chiho Sato m’ont contacté pour me parler de leur projet de réaliser un documentaire qui donnerait la parole aux habitants de la préfecture de Fukushima, pour qu’ils puissent s’exprimer et montrer leur quotidien sur place, j’ai de suite accepté ! Pourquoi ? Parce que même si les habitants ne possèdent pas d’expertise sur le sujet du nucléaire, ils sont les victimes de ce qui se passe sur place et de ce qui se véhicule dans le monde en rapport à cela, et qu’il est normal que l’on puisse enfin entendre ce qu’ils ont à dire sur le sujet, parce qu’ils sont les « acteurs (forcés) » principaux de ce drame !
Un documentaire intimiste
En voyant ce documentaire pour la première fois, la première chose qui m’ait venu à l’esprit est que j’aurais préféré faire la connaissance de la famille de Chiho Sato dans un autre contexte ! Une famille chaleureuse, aimante, unie et composée de personnes qui essayent de garder le sourire malgré la situation loin d’être confortable ! Je me dis que c’est dommage de devoir faire connaissance de cette famille japonaise dans de telles circonstances ! Malheureusement, parfois la vie en décide autrement et le destin vous attire là où vous ne vous attendiez pas !
On plonge donc avec Chiho (que j’ai eu l’occasion de rencontrer après le tournage du documentaire et qui est devenue une amie, tout comme Lucas) au cœur même de sa famille, en pleine campagne du Japon. On découvre un Japon plus rural, loin de l’image véhiculée par Tokyo ou Kyoto. On aurait pu être dans un reportage montrant le quotidien de Japonais à la campagne. On y est mais leur quotidien est loin d’être une normalité, il est une exception qui est rythmée par le pouls de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, située non loin de là.
La vie sur place est rythmée non pas par les journées qui passent mais pas les relevés de radioactivité ! Tout le monde semble avoir appris, à contrecœur, les normes en rapport avec la radioactivité et se fait, plus ou moins, à une vie entourée de chiffres, qui se veulent rassurant et flippant à la fois.
Au cœur de ce documentaire, on découvre Chiho qui habite en France depuis 2010 et qui a vécu le 11 mars 2011 depuis son pays d’accueil, loin de sa famille et dans une peur constante, sans nouvelle de ses proches les premiers jours du drame !
On y voit Chiho se poser des questions, poser des questions, chercher des réponses et tenter d’obtenir des informations sur ce qu’est le quotidien des personnes vivant sur place. On y découvre une population qui essaye de vivre ce drame comme elle le peut, avec des obstacles au quotidien, qui leurs sont imposés par les autorités mais aussi par l’image que le nom de leur préfecture renvoi au monde !
Entre inquiétudes et volontés de se rassurer on y ressent aussi une certaine facilité à amener ce drame vers l’oubli ! Le monde oubli et les locaux s’accommodent de cette nouvelle vie qui leur est imposée.
On avance ainsi dans ce documentaire non pas en suivant des raisonnements scientifiques et des données chiffrées ou autres, mais plus en suivant les pas de Chiho qui se pose des questions et qui demande autour d’elle ce que les gens pensent de la situation. Ainsi, on peut avoir des points de vus différents, divergents, certains étant certainement erronés (ou non) et c’est ce qui fait la force de ce documentaire !
On est loin du documentaire interrogeant les scientifiques et autres spécialistes ! On est là dans une œuvre vidéographique donnant la parole à des personnes que l’on a forcées dans une vie qu’ils n’ont jamais désiré avoir ! Chacun à son opinion et sa façon de vivre la chose et c’est ce que l’on peut découvrir librement dans ce documentaire.
Fukushima : les voix silencieuses, le documentaire qui veut redonner la parole aux acteurs involontaires de ce drame humain qui se joue, encore aujourd’hui, dans une zone à l’image détériorée de par le monde. Jusqu’au 11 mars 2011, les habitants de cette préfecture étaient certainement heureux dans leur anonymat, aujourd’hui ils peuvent être malheureux dans la lumière des projecteurs qui sont braqués sur eux et qui ont des conséquences lourdes sur leur vie quotidienne !
Où voir « Fukushima : les voix silencieuses » ?
Si vous aussi vous voulez pouvoir visionner ce documentaire, sachez qu’il y a de nombreuses projections qui ont lieu à travers le monde (France, Canada, Japon, Angleterre) et en plusieurs langues (français, anglais, japonais).
Pour obtenir les informations il vous suffit de consulter la Page Facebook du documentaire ou le site Internet qui lui est dédié. Vous pouvez aussi visionner cet extrait :
Si vous en avez l’opportunité, je vous recommande vivement de visionner le documentaire « Fukushima : les voix silencieuses » car il vous donnera une vision un peu plus complète de ce qui se passe sur place au quotidien. On est loin des déclarations officielles et des rapports d’experts en tout genre, on est tout simplement dans le ressenti, le ressenti d’êtres humains, comme vous et moi, vivant cela au quotidien, tant bien que mal.