Il est des étrangers au Japon qui deviennent « tatamisés », plus japonais que les japonais eux même, et qui ne sont pas toujours bien perçus. Analyse sur un phénomène et ses conséquences.
Combien rêvent de partir vivre au Japon, de s’installer définitivement sur place, de se marier au Japon et d’épouser le mode de vie local? On ne les compte plus tellement ils sont nombreux. Et pour certains, le but ultime serait de maitriser la culture locale pleinement pour devenir japonais. C’est un rêve, un but, une envie, … Mais c’est aussi un fantasme qui peut avoir de fâcheuses conséquences.
Devenir japonais, c’est possible et impossible
Avant d’aller plus loin dans les explications, il faut faire une distinction très importante. Il y a deux « formes » de japonais: la nationalité et l’ethnicité. La première concerne l’aspect administratif de la chose tandis que la deuxième concerne l’aspect physique et « biologique ». Une fois cette distinction faite, il est plus facile de comprendre la suite des choses.
Quand certains individus disent « je veux devenir japonais », il y a souvent deux catégories de personnes:
– ceux qui veulent obtenir la nationalité japonaise
– ceux qui veulent faire partie de l’ethnie japonaise
Pour ce qui est de la nationalité japonaise, il est possible de l’obtenir (voir les conditions ici) en ayant vécu 5 années d’affilées au Japon, en ayant les ressources financières pour faire face à ses besoins et de ceux des personnes qui dépendent de vous, avoir plus de 20 ans et enfin en abandonnant votre (ou vos) nationalité d’origine. Alors, d’un point de vue purement administratif, il est possible de devenir japonais.
Par contre, d’un point de vue ethnique, soyons clair de suite, ceci est complètement impossible. Vous ne serez jamais un japonais. D’une parce que votre physique n’est pas du tout le même, mais aussi parce que vos origines ne sont pas les mêmes. Ce serait la même chose que de vouloir devenir « blanc » pour une personne « noire » (à moins de faire du Mickaël Jackson, et là encore ce n’était pas très réussi). D’ailleurs, l’excellente vidéo de Rachel (en anglais) traite bien ces deux aspects:
httpss://www.youtube.com/watch?v=2D0RwGA05uk
Aux deux catégories que je cite plus haut, je voudrais ajouter l’aspect « devenir japonais » culturellement parlant, et c’est là que va apparaître la notion d’ « étrangers tatamisés ».
Les tatamisés du Japon
Les japonais ont tendance à appeler les étrangers voulant leur ressembler (voulant devenir plus japonais que les japonais), prenant leurs habitudes et épousant leur mode de vie au quotidien, les tatamisés. Et ceci n’est pas une notion positive puisqu’elle cherche à pointer du doigt des comportements jugés « anormaux » par les autochtones. Un tatamisé au Japon ne rassure pas les locaux, il leurs fait « peur », les intriguent et les repoussent plus qu’il ne les attirent.
En général, les japonais pensent que les étrangers ne sont que de passage dans leur pays, soit pour un voyage de courte durée soit pour une vie d’expatrié sur du moyen terme, et qu’à la longue ils finiront par rentrer chez eux. C’est pour cela que les étrangers qui restent indéfiniment, tout en prenant (du moins en essayant) l’ensemble des habitudes locales font « peur » et deviennent des individus « inidentifiables », des sortes d’O.V.N.I. dans le paysage local.
Au Japon, la société est structurée sur des cercles d’appartenances et il faut absolument que chaque individu soit dans un cercle clairement identifiable afin d’avoir une vie sociale et ne pas être exclu de la société japonaise. Pour les étrangers au Japon, c’est assez simple puisque nous sommes tous dans le même cercle, qui est celui des « Gaijin ou Gaikokujin ». C’est « notre place », celle que nous prenons en arrivant et que nous nous devons de garder, en théorie. Et puis, viennent les tatamisés, ceux qui prennent l’ensemble des habitudes locales et qui veulent devenir « plus japonais que les japonais ».
Pour eux, la vie va devenir plus difficile puisqu’en imitant le mode de vie à la japonaise, en abandonnant leur mode de vie et culture d’origine, ils sont exclus du cercle des « Gaijin ». Mais, en plus de cela, ils ne sont pas intégrés pour autant au cercle des « japonais » car d’un point de vue ethnique ils n’en font pas parti. Et c’est là que le bât blesse, parce que ces tatamisés ne feront plus partis de leur cercle d’origine, mais ne seront pas intégré dans un autre cercle pour autant. Ils se retrouveront donc hors de la société, totalement exclus.
Pourquoi vous ne devriez pas devenir tatamisé
Comme vous pouvez le comprendre en lisant le paragraphe précédent, devenir tatamisé peut correspondre à un « suicide social », et étant donné que la société au Japon tient un rôle important, cela pourrait être pénible à vivre pour les personnes concernées. C’est la première raison qui fait que vous ne devriez jamais chercher à être un tatamisé.
La deuxième serait le rejet de vos origines. Il serait dommageable de rejeter vulgairement ses origines, ses cultures de bases au plaisir d’en prendre des nouvelles. Ceci reviendrait à refouler ses racines et ce n’est jamais vraiment bon en soit, tout simplement parce que les racines sont tellement bien ancrées en nous que vouloir les rejeter va créer un conflit intérieur fort qui pourrait être préjudiciable à la longue.
La troisième raison est la tendance forte qu’ont les japonais à tourner au ridicule les « tatamisés ». On ne compte plus le nombre d’émissions TV où les japonais montrent des vidéos d’étrangers « jouant au japonais » et où l’on voit les japonais sur un plateau télé « se fendre la poire » en les regardant. D’ailleurs, il y a peu, la télé japonaise montrait des images de la Japan Expo avec des français en cosplay et ils ont été la risée des spectateurs japonais présent sur le plateau.
Quelques fois, vous pourrez entendre un japonais dire d’un étranger « qu’il est plus japonais qu’un japonais » de manière poli. Mais c’est tout ce que c’est, une simple formule de politesse qui n’est pas réellement pensée, parce que, quoi qu’il en soit ceci est impossible. Il est impossible que quelqu’un d’une autre culture devienne « meilleur » qu’un autre dans sa propre culture, les racines étant différentes. Ceci rejoint en partie le contenu de mon article « les étrangers peuvent-ils comprendre le Japon« .
Les étrangers tatamisés sont en général facilement reconnaissables puisque c’est ceux qui affirmeront connaître le Japon sur le bout des doigts, le maitriser parfaitement, en connaitre tous ses aspects. Ce sera souvent ceux que l’on voit sur Internet, à commenter des articles ou forums avec des formules du genre « Je vis au Japon depuis 20 ans et je le connais parfaitement », avec toujours cette volonté farouche d’afficher le nombre d’années de vie sur place comme un gage de confiance ou un certificat de connaissance du Japon, jouant parfois sur ce chiffre comme pour dire « j’ai la plus grosse » connaissance sur le Japon, plus importante encore que celle des japonais. Leur but n’étant pas d’argumenter sur un sujet mais plutôt de dire « je connais mieux le Japon que tout le monde parce que j’y ai vécu longtemps, plus d’années que vous » et d’essayer de crédibiliser cette connaissance avec un chiffre (celui du nombre d’années vécues sur place), comme si la connaissance du pays était proportionnelle à la durée de vie sur place. Ils sont dans cet effet de « tatamisation » qui leur fait croire qu’ils maitrisent parfois tous les sujets mieux que quiconque, mieux que les japonais eux-même.
Ici, j’aimerais vous citer la phrase extraite de l’excellent livre de Richard Collasse « La Trace » qui explique pourquoi vous ne devriez pas chercher à être japonais, culturellement parlant, pourquoi vous ne devriez pas chercher à être un tatamisé (citation d’une japonaise):
« Vous finiriez par perdre votre identité, ballotté entre votre culture, que vous rejetteriez et qui ne tarderait pas à vous expulser, et la nôtre [japonaise] que vous n’assimilerez jamais complètement et ne vous acceptera jamais vraiment non plus. » La Trace, Richard Collasse
On peut vivre au Japon sans être japonais
Alors oui, on ne peut pas devenir japonais, sauf administrativement, en obtenant la nationalité, mais cela n’empêche pas les étrangers de vivre au Japon et de profiter au mieux de leur vie sur place. Il suffit de savoir garder sa culture, ses racines, son état d’esprit tout en s’adaptant au mode de vie local sans chercher à vouloir le maitriser à 100%, sans chercher à vouloir être japonais à tout prix.
Il existe des milliers de cas d’étrangers vivant au Japon avec des conditions de vie qui leurs conviennent au mieux et qui sont totalement épanouis par ici. Il suffit simplement de rester soit, de rester humble, de ne pas trop en faire et de respecter les autochtones, ne pas vouloir imposer son mode de vie. Travailler au Japon, y fonder un foyer, y avoir sa maison, … c’est possible et accessible à tous ceux qui le veulent et s’en donnent les moyens. Et je trouve que l’exemple de Richard Collasse (PDG de Chanel Japon), qui vit au pays du soleil levant depuis 40 ans, en est une parfaite illustration. Entre humilité, volonté de ne pas être tatamisé (cf son interview par ici) et volonté d’apprendre et de respecter la culture locale, il a réussit à faire sa vie dans ce pays si unique en son genre. Ils sont nombreux à réussir leur vie au Japon, et il y a même des français dans ce cas, comme vous pouvez le voir dans ce reportage de TF1 « les français fous du Japon »
httpss://www.youtube.com/watch?v=Nxom06lVxfE
Alors, devenir japonais, c’est impossible en soit, à moins de vouloir devenir un étranger tatamisé au Japon, au risque de perdre gros dans l’affaire. Restez vous même et profitez de ce que ce pays a à vous offrir sans aucune prise de tête.
Cet article est super intéressant!
Je me demandais juste, comment connaitre la limite entre être tatamisé ou juste respecter la culture locale? Je me doute que ce n’est pas évident à répondre mais je suppose que de suivre les formules de politesse et de boire le soir dans un izakaya ne fait pas forcément de la personne un tatamisé aux yeux des japonais?
Autre exemple, si je vais au Japon j’adorais aller à un matsuri et j’aurais trouvé ça chouette de porter un yukata pour l’occasion, est-ce que ça ferait de moi une tatamisée ou juste une gaijin qui s’amuse?
Je me doute que tu n’as pas de réponse toute faite à ma question donc désolé xD
En tout cas c’est toujours un plaisir de lire tes articles. 🙂
Pas facile en effet de déterminer cette limite. Personnellement, et cela n’engage que moi, j’aurais tendance à dire qu’elle se fait entre la personne qui veut expérimenter les choses et la personne qui veut s’approprier la culture locale et la faire sienne. Mais parfois la ligne doit être tellement fine qu’il est difficile de délimiter les choses parfaitement.
Pour ce qui est du Yukata, régulièrement il y a des étrangers qui en portent, notamment pour les feux d’artifices au Japon ou autre matsuri et je ne pense pas que cela fait de toi une personne tatamisé. Tatamisé ça va vraiment plus loin que le simple fait de porter un Yukata, ou que de respecter les règles de politesses de bases au Japon.
J’aurais tendance à penser la même chose que toi. 🙂 Donc au final beaucoup se passe dans la tête des gens et dans l’exagération. ^^ Je me souviens d’une connaissance qui me disait se promener en yukata dans les rues de Tokyo tous les jours (sans événement quelconque), avec le recul je me dis qu’il devait peut-être passé pour un « tatamisé » (qu’est ce que j’adore cette expression d’ailleurs) En tout cas merci de m’avoir éclairé 🙂
De rien, au plaisir 😉
Votre article est très intéressant. J’approuve globalement le fait que devenir japonais est pratiquement impossible.
Par contre, je ne pense pas que le terme « tatmisé » soit le plus adéquat. Dans mon esprit, ce mot a un sens plus léger. Je l’utilise plutôt pour parler des étrangers qui ont adopté consciemment ou inconsciemment certaines pratiques culturelles japonaises dont voici quelques exemples : prendre un petit déjeuner à la japonaise, utiliser systématiquement certaines expressions (itadakimasu, okaeri,..), etc. Il y a également certains comportements comme celui d’incliner machinalement la tête lors de salutations ou de conversations même avec des personnes qui ne sont pas japonaises. Ce sont de petites choses qui ne traduisent pas une volonté de devenir plus japonais que les Japonais.
L’utilisation du terme « japonisé » à l’instar du terme « francisé » serait plus judicieuse selon moi.
Bonjour Hervé, (on peut se tutoyer, c’est toujours plus convivial) ^_^
Oui, je suis assez d’accord avec toi sur le terme à utiliser pour marquer un peu plus la nuance entre une personne prenant des habitudes de vie à la japonaise et une personne voulant devenir japonais. Après, de ce que je sais, c’est que les japonais eux-même parlent de « tatamisés » pour les personnes voulant devenir plus japonais que les japonais.
La ligne semble vraiment difficile à tracer. Par exemple, je me demandais si porter un yukata comme la personne plus haut te rendait tatamisé. Personnellement, j’aimerais travailler au Japon quelques années un jour et probablement toujours garder un certain lien avec ce pays que ce soit d’aller en voyage là ou peu importe, mais une chose est certaine je suis et resterai toujours Canadien, mais où je trouve qui est difficile de mettre une limite c’est qu’à vivre au Japon autant je me sentirais Canadien autant je voudrais ne pas trop imposer cette culture canadienne au Japon pour ne pas passer envahissant, mais serait-ce en contre-partie passer pour tatamisé? En même temps j’ai l’habitude d’incliner la tête pour dire bonjour et ce depuis aussi longtemps que je me souvienne (bien avant de connaître le Japon). Comme je l’ai dit par le passé je crois que j’ai certains comportements qui me vient de ma culture locale ressemblants au Japon, mais qui pourraient éventuellement me faire passer pour tatamisé. Comme je le disais plus tôt, la ligne est difficile à tracer d’autant plus pour quelqu’un qui fonde une famille au Japon. Mais bon c’est que dans quelques années que je voudrais travailler au Japon et que j’aurai à me poser ces questions. En même temps, j’ai un côté très très très compétiteur qui je crois à lui seul saura me détacher de la moindre chance que j’aurai de passer pour tatamisé (je suis à un point compétitif qui a fallu que j’oriente mes études dans ce sens pour plus tard canaliser tout cela dans mon emploi et non dans ma vie personnelle). Sinon toi comment est-ce que ça se passe ce »tatamisage »? Arrives-tu à bien vivre au Japon sans complexe tout en ne t’approchant pas de cette ligne?
Oui, la ligne peut vite être difficile à tracer mais après, il ne faut pas non plus se prendre la tête avec cela, je pense, et vivre son expérience sans vouloir jouer un rôle pour essayer d’être un autre.
Pourtant on peut voir dans le reportage un japonais dire d’un francais qu’il est plus japonais que les japonais et il dit ca avec le plus gand respect vis à vis de son travail!
Je pense que c’est complique de définir cette formule il est très dur de ne pas l’etre si on a plus grand espoir dans son pays d’origine ou on si sent aussi étranger qu’au Japon, d’autant plus si on a fondé une famille au Japon. Je pense qu’on ne pas jeter la pierre à ses « tatamisés »
Oui, en effet on peut le voir dans le reportage. Mais il faut prendre en compte la culture japonaise qui fait qu’en public on vante toujours les autres, on ne dit pas quelque chose de négatif, même si on dit ce que l’on ne pense pas. Il faut parfois prendre les choses avec des pincettes et ne pas tout prendre au premier degré.
Pour ce qui est des tatamisés, vouloir être japonais quand on ne l’est pas (ou d’une autre culture, peu importe), ce n’est pas ce qu’il y a de mieux, parce que c’est vouloir renier ses origines. Être tatamisé ce n’est pas vivre au Japon et vouloir y fonder son foyer, c’est vouloir être plus japonais que les japonais, et c’est en ça que c’est préjudiciable.
Ce passage : « Ce sera souvent ce que l’on voit sur Internet, à commenter des articles ou forums avec des formules du genre « Je vis au Japon depuis 20 ans et je le connais parfaitement », avec toujours cette volonté farouche d’afficher le nombre d’années de vie sur place comme un gage de confiance ou un certificat de connaissance du Japon, jouant parfois sur ce chiffre comme pour dire « j’ai la plus grosse » connaissance sur le Japon, plus importante encore que celle des japonais. » est péremptoire, et même un peu arrogant de ta part, si tu ne précises pas que les tatamisés sont quand même une infime minorité. Bien sûr que le temps passé dans un pays compte, et tu le sais bien car je suppose que ton avis et tes connaissances du Japon ont bien évolué depuis ton arrivée (et qu’ils continueront à évoluer avec le temps, l’expérience, ect.). Tu devrais l’enlever ou le reformuler, à mon avis, car il n’apporte rien à l’article. Pour ma part, je ne fais pas partie des tatamisés. Déjà parce que je suis parti du Japon, et puis surtout le simple fait que l’on veuille devenir Japonais m’échappe complètement…Voyager pour remettre en question ses normes sociétales est une chose, bénéfique à mon sens, mais s’expatrier pour adopter les normes sociétales d’une culture complètement étrangère (et qui par définition nous rejettera à un rang d’étranger subalterne quoi que l’on fasse) c’est quand même aberrant.
Salut Billy,
je viens de préciser un peu plus la pensée de ce passage. Il n’est pas nécessaire de préciser que les tatamisés sont « une infime » minorité car ce n’est pas nécessairement le cas, et il existe d’ailleurs beaucoup de personnes qui sont tatamisées sans même être au Japon, qui « jouent à être japonais » dans leur pays d’origine.
En ce qui concerne le temps passé dans un pays, je suis tout à fait d’accord avec toi, et je n’ai jamais dit le contraire, il compte. Mais ce que je met en avant dans ce passage ce n’est pas ceci, mais plutôt la faculté que peuvent avoir les tatamisés à vouloir crédibiliser leurs connaissances en fonction de la durée passée sur place. Pour « exagérer » un peu le trait, un tatamisé ayant vécu au Japon 20 ans se sentira plus expert qu’une autre personne ayant vécue 19 ans sur place, juste parce qu’il a une année de plus de présence sur place. Or, la connaissance d’un pays n’est pas proportionnelle à la durée de vie sur place, loin de là.
Dans ce cas on est d’accord. Mais à la lecture, ce n’était pas du tout le sentiment que j’avais eu.
Des tatamisés je pense qu’il n’y en a quand même très très peu. D’ailleurs, peut-être qu’on va se rejoindre sur ce point, je pense qu’ils sont plus nombreux en France (ou à l’étranger) qu’au Japon. Ceux que j’ai croisé au Japon (à jouer au Japonais) n’ont pas duré très longtemps de toute manière. Les autres, qui se sont sédentarisés sur le long terme, ne tombent pas forcément dans le piège du devenir Japonais (même si forcément, ils vivent « à la japonaise ») Certes, certains finissent par se couper plus ou moins de leurs origines culturelles/identitaires, mais pour moi ce n’est pas un mal en soi. Mais c’est clair que ça, ça déroute les Japonais que tu vas croiser au Japon (par contre ceux qui ont vécu à l’étranger ou y vivent encore, cherchant à fuir le rigorisme et le manque de perspectives culturelles et sociales de leur pays, ils seront plutôt réceptifs).
Le reste je pense qu’on est d’accord dans l’absolu. Des « experts » (revendication qui n’est pas l’apanage des tatamisés, cependant) comme tu les décris, j’en ai croisé aussi, qui étaient là depuis 1 ou 2 ans de plus que moi et se sentaient le droit de m’en apprendre. Bref, là c’est sur le Japon, mais en fait c’est partout pareil du moment que t’as à faire avec des gens en manque de valorisation ou de confiance en eux, ils vont forcément essayer de s’appuyer sur le temps passé quelque part pour se grandir. Un réflexe normal, d’autant plus qu’ils sont souvent en position d’infériorité au Japon (socialement, financièrement, etc.) Ensuite, faut bien avouer aussi que certains, qui sont désagréables d’arrogance parfois, sont dans le vrai. Mais bon, quand on est au Japon pour expérimenter, autant apprendre par soi-même et donc peu importe l’avis des autres.
Oui, je suis bien d’accord sur tout ce que tu dis ^^
Tu devrais préciser qu’il est quand même essentiel de se tatamisé un peu pour être accepter. Car rester dans son groupe de « gaijin » est souvent un obstacle pour rester a long terme. Pour parler la langue, appréhender la culture, il est nécessaire, je pense, de s’éloigner des étrangers lors des premiers mois, voir la ou les premières années. Après tout dépend des régions, sur Osaka par exemple, se comporter en japonais n’est pas si différent que de se comporter en français 😉
Mais il y aurait une sacrée différence entre se « tatamiser un peu » et se « tatamiser beaucoup ». Dans l’article je parle du second cas. Bien évidemment qu’il faille un minimum s’intégrer, sinon à quoi bon être là 😉
C’est vrai que ça serait vraiment dommage de rejeter/effacer ses traits culturels d’origine : la pluralité culturelle c’est encore ce qui manque au Japon et ça peut être intéressant et profitable pour tous d’ajouter des couleurs au tableau.
Effectivement, rester humble, intentionné et naturel doit probablement suffire pour trouver sa place et faire partie du paysage.
merci pour cet article !
Je suis tout à fait d’accord avec toi sur les couleurs au tableau ^_^
C’est un peu comme dans tous les pays du monde en fait, je crois, sauf qu’au Japon, c’est vraiment exacerbé.
Mais tu as pointé du doigt la meilleure attitude à adopter : « Il suffit simplement de rester soit, de rester humble, de ne pas trop en faire et de respecter les autochtones, ne pas vouloir imposer son mode de vie. »
Quant au phénomène Japan Expo et cosplay, s’intéresser au Japon au début par la petite porte, c’est bien, c’est à cela que sert la culture populaire moderne, mais s’intéresser à un pays, cela passe ensuite par la connaissance de son histoire et de sa culture ancestrale (les marqueurs de l’identité). Je pense que ces Japonais sur ce programme TV qui se moquaient (gentiment ou méchamment ?) des cosplayers français ne se moqueraient pas d’un Richard Collasse, par exemple, et Lafcadio Hearn (d’ailleurs, les Japonais ne le connaissent que son nom de plume Yakumo Koizumi) en son temps a su susciter le respect – je cite cet exemple qui me vient de suite en tête parce que j’ai lu et relu tous ses contes fantastiques, mais je suppose qu’il y a quelques autres exemples de ce type.
Après, je pense tout de même que l’équilibre est difficile à maintenir. En fait, ce n’est pas évident d’émigrer… Et toi, maintenant que tu es marié, penses-tu rester ?
Il n’est jamais évident d’immigrer quelque part, mais comme tu le souligne, c’est exacerbé au Japon. En ce qui me concerne, pour le moment je reste au Japon, après on verra, je ne connais pas encore mon futur et je ne me ferme aucune porte:D
Article super intéressant. Je découvre plein de choses sur ton blog, merci.
Content que tout cela te plaise 😀
Hello,
Super article !
J’habite maintenant depuis 1 mois (c’est tout neuf) à Tokyo dans le cadre de mon travail.
Pour moi c’est une simple fuite en avant de ces personnes qui n’on peut être plus/pas de racine dans leur propre pays natal…et qui cherche à justement se sentir appartenir à cercle/groupe/etc…
Je trouve un peut « ridicule » leur comportement souvent bien trop exagéré dans des situations où les japonais n’en ferait rien…
A propos, le therme « tatamisé » tu l’aurais en japonais, j’aimerais bien essayer d’en discuter avec mes collègues.
Je ne l’ai plus en japonais, mais si je le retrouve je te le donnerais 😉
C’était un article intéressant, merci. En effet, la limite ne doit pas être si facile à définir. Moi qui m’intéresse de près à la culture traditionnelle nipponne , je pourrais peut-être tomber dans cette catégorie… sauf que je suis en france, donc ça va!
C’est d’ailleurs drôle car dans ma méthode de japonais, qui est entièrement en japonais et donc pas spécialement dédiée aux français, ils en parlent brièvement dans un texte sur les tatamis, et utilisent bien le terme tatamisé (タタミゼ).
Merci pour le mot dans ton texte 😉
Je me pose quand même une question par rapport au tout début de l’article : « Combien rêvent de partir vivre au Japon, de s’installer définitivement sur place, de se marier au Japon et d’épouser le mode de vie local? ».
Dans mon tout mon entourage, personne ne connait ni s’intéresse au Japon (au contraire c’est plus les clichés qui prédominent). Tout au mieux deux ou trois personnes aimerait y passer une fois leurs vacances. Donc je suis un peu surpris, il y a vraiment tant de gens que ça qui rêvent de s’installer là-bas ?
Honnêtement en tant que français ça me fait bizarre de lire ça. Pour moi quelqu’un qui vit depuis suffisamment longtemps en France peut parfaitement s’approprier notre culture. Je connais un anglais qui vit ici depuis 10 ans, pour moi il est autant français qu’anglais Il est à moitié les deux et évidemment il sera différent d’un français natif, mais ce n’est pas pour autant qu’il n’est pas français, de nos jours on peut pas enfermer la nationalité et le sentiment d’appartenance à une nation dans une seule et unique définition.
Au fond cet article renforce l’impression que d’autres m’avaient déjà laissé : le Japon entretient un rapport très compliqué avec les étrangers. Tu nous parlais du Gaijin Complex et de la « peur », voir du sentiment d’infériorité des japonais vis-à-vis des Occidentaux, et là maintenant c’est presque le contraire, une réaction opposée.
Après en soi ça ne m’étonne pas tant que ça, le Japon reste une île et les pays insulaires ont tendance à être assez renfermés, il y a aussi des tonnes de raisons historiques et même aujourd’hui le pays reste très fermé à l’immigration, forcément ça aide pas.
Je ne pense pas que ce soit une bonne ni une mauvaise chose en soi d’ailleurs.
Oui il y en a autant que ça qui rêvent de venir vivre au Japon, je le vois tous les jours via le blog.
Pour le comparatif que tu fais, il faut comparer ce qui est comparable. Tu parles d’un anglais venu vivre en France, or, les deux cultures même si elles sont différentes, sont assez proches et il y a une forte relation entre les deux pays. De plus ce sont des pays à forte immigration qui ont l’habitude d’avoir des étrangers chez eux. Le Japon quant à lui est un pays à la culture unique, donc il se retrouve éloigné des autres, et à l’immigration très faible. Ces deux facteurs vont expliquer cela.
Un grand merci pour cet éclairage Tunimaal!
Le Japon m’attire toujours autant et en même temps je doutais d’une intégration dans cette société foncièrement différente de ma personnalité…
Ca me rassure!
Alors il ne te reste plus qu’à visiter ce pays 😀
J’ai lu il y a quelque années un petit roman sur un français qui part vivre au Japon. Et tout en étant parfaitement respectueux des coutumes, maitrisant la langue, et la politesse, il explique ce qui s’est passé pour lui. Il n’est aucunement tatamisé, et justement il développe l’idée qu’un français partant vivre au Japon, deviendra par la force des choses, beaucoup plus français qu’il ne l’était en France, deviendra ambassadeur des valeurs et de la culture française, la gastronomie, les vins, les régions. etc. Je pense que l’épanouissement (en tout cas un moyen de ne pas tomber dans une dépression liée à la « mise à l’écart ») passe par l’affirmation de ce que nous sommes, et précisément au Japon, je crois que c’est même une confirmation de notre culture.
Merci pour ce retour Stéphane. Si tu as le nom de ce livre, je suis preneur.
« tatamisation » excellent comme terme hehe
Mais quand même, je suis intriguée. Donc, tu dis que dans la société japonaise, chacun se doit d’avoir une place bien précise et que si un étranger veut devenir « plus Japonais que les Japonais », il se fait rejeter des cercles de Gaijin (mis à part que forcément, il ne sera de toute façon pas considéré comme un Japonais). Sincèrement, j’avoue que je suis un peu perdue. Ça fait quoi concrètement?
Tu veux dire juste que socialement, t’es un peu « condamné » à être toujours avec des étrangers et donc que si tu ne l’acceptes pas tu seras juste tout seul?
Oui c’est un peu ça, il y a un système de cercles et il est extrêmement difficile de pouvoir les quitter pour entrer dans des cercles au sein desquels on n’est pas « naturellement » membre. C’est assez « complexe » en soit.
Une remarque :
» Les japonais ont tendance à appeler les étrangers voulant leur ressembler (voulant devenir plus japonais que les japonais), prenant leurs habitudes et épousant leur mode de vie au quotidien, les tatamisés »
En fait l’expression « se tatamiser » est une expression française et pas du tout japonaise. Il n’y a pas d’équivalent en japonais à ma connaissance.
Oui, tu as raison de pointer ça du doigt, c’est une mauvaise formulation de ma part que je prendrais le temps de corriger 😉
Excellent article, j’ai passé 1moi au Japon il y a 7 ans et j’y pense encore tout les jours.
Même sur une aussi courte période le choc à été rude quand il a fallut prendre le RER A a la sortie de l’aéroport, déprime total et immédiate!!!
Les petites choses du quotidien que j’ai aimé (tout en fait) hormis l’environnement c’est surtout la gentillesse des japonais (une petite dame m’a offert des pansement dans la rue voyant que je massait mes pieds fatigué)
La musique d’attente aux feu piétons
Les distributeurs de boison étrange (à noter la vitell est moin cher dans un distributeur japonais que français )
Les shinkensen et le service de restauration
Les onsen
Les héros de manga omniprésents
L’odeur de thé qui ce dégage de certains endroits
La nourriture évidement ,surtout le petit dej avec algues poisson et autres…. Je ne sais quoi !!
Les konbinis h24
Les tampons kawaï des lieux touristique (impossible de ne pas commencer la collection)
La propreté (dés la descente de l’avion)
Le délicieux boucan des cigales
Et plein d’autre chose encore…
Merci beaucoup Jer pour ton retour d’expériences 😉
Article intéressant qui confirme et illustre mes analyses, moi au Japon aussi depuis un certain temps (je ne retire absolument aucune fierté en ce qui concerne le nombre d’années que je ne dévoile plus, question de fraîcheur héhé qui est aussi un atout ici !) Il faut savoir que l’on est ce qu’on EST, et non ce que l’on VEUT être, car dans ce cas il s’agit de faire de sa vie un théâtre ! Rester en accord avec soi quoi ! Et SOI ne se limite pas non plus à une nationalité ou une culture, c’est bien plus complexe…, mais j’ai appris aussi à quel point notre culture d’origine et même notre langue représentaient une base, un disque dur, important. On m’a déjà dit « plus Japonaise que les Japonais hihihihi » parce que l’hiver je porte un…j’ai oublié le nom, ces vestes d’intérieur épaisses aux motifs japonais aux belles couleurs qui se ferment avec un petit ruban devant… mais honnêtement j’ai pas beaucoup apprécié 😉
Kansaijin
La Française pas tatamisée mais qui adore les pièces à tatamis
Merci beaucoup d’avoir partagé ton expérience avec nous 😀