Pour ma troisième visite dans la ville de Kurashiki j’ai pu en apprendre plus sur l’artisanat local qui m’avait pas mal intrigué lors de mes précédents voyages sur place. Récit !
La première fois que j’ai visité la ville de Kurashiki c’était durant Cap 10.000 Japon à l’automne 2017 et j’avais apprécié mon séjour sur place au point d’y passer 3 nuits et 3 jours à explorer la ville. Au contraire de la grande majorité de touristes étrangers qui se rendent essentiellement à Kurashiki Bikan Chiku, j’avais poussé plus loin mes visites et étais aussi allé du côté de Kojima, pour découvrir les jeans de la ville du même nom, qui sont réputés dans le monde entier.
Lors de mes deux premiers voyages j’avais donc pas mal exploré la ville mais j’ai toujours voulu en savoir plus sur l’artisanat local et notamment la fabrication des jeans. Et ça tombe bien puisque le mois dernier, dans le cadre de mon travail au Japon, j’ai été invité à venir découvrir l’envers du décor de la fabrication des jeans de Kojima, mais pas que. Voici mes découvertes.
Kurashiki sous le signe des Tabi, de la toile, du textile et des jeans
Dès le début du voyage je suis entré dans le vif du sujet en partant à la découverte de ce qui fait la force de la ville de Kurashiki depuis des siècles, depuis l’ère Edo pour être plus précis. Il faut savoir que Kojima (qui fait partie de Kurashiki) est une terre trop saline ce qui empêche d’y cultiver du riz, alors, à la place le coton fut cultivé sur place, ce qui a donné une forte réputation aux textiles produits dans la ville de Kurashiki.
J’ai donc commencé par la visite de Marugo, une entreprise locale qui est spécialisée dans la fabrication de Tabi, ces chaussures d’époque, où le gros orteil est séparé du reste des orteils. Il paraît qu’elles sont meilleures pour la santé de notre corps et j’en ai reçu une paire en cadeau, paire que je teste actuellement. Elles sont confortables et extrêmement légères (je ne m’y attendais pas du tout). Voir comment elles sont produites m’a énormément surpris parce qu’en 2019 encore, dans un pays comme le Japon, on fabrique des chaussures de bonne qualité à la main, essentiellement, et à des tarifs relativement abordables (pour le même prix que mes chaussures habituelles je peux avoir une belle paire de Tabi).
Ensuite, je suis parti à la visite de Takeyari, société locale spécialisée dans la production de toile. Là aussi, même si les machines sont présentes, il est intéressant de voir que la production reste locale et surtout qu’elle est minutieuse, au point de voir des employés vérifier chaque tissu fabriqué un par un, au millimètre près !
Puis, était venu le temps pour moi d’enfin découvrir comment étaient fabriqués les jeans de Kojima et pour cela j’ai pu visiter l’atelier de couture de Betty Smith (et le Betty Smith Jeans Museum) mais aussi celui de Japan Blue Jeans. Pouvoir entrer dans les ateliers de coutures et voir toutes les couturières à l’œuvre, travaillant chaque pièce avec beaucoup de soin m’a surpris. J’ai de suite compris pourquoi les jeans sont d’aussi bonne qualité mais aussi pourquoi leurs tarifs peuvent être plus élevés que pour des jeans standards. Dorénavant je n’ai plus du tout le même ressenti quant aux prix des jeans de Kojima et je comprends pourquoi, des jeans comme ceux de la marque Momotaro Jeans, peuvent coûter plus de 200€. Ce n’est pas tant la marque et son marketing que l’on paye mais bien sa qualité et le fait qu’ils soient garantis 10 ans !
Bien évidemment, de telles visites ne pouvaient que se terminer par un tour au sein de Kojima Jeans Street, cette rue où 38 magasins vendent exclusivement des jeans produits localement. J’ai voulu acheter une paire de jeans de chez Momotaro Jeans, parce qu’ils ont des exemplaires en vente que dans ce magasin, mais je ne suis pas arrivé à trouver ce que je cherchais (ce n’est que partie remise).
Kurashiki la culturelle et l’historique
Bien évidemment, un voyage à Kurashiki se devait de se passer, aussi, au sein de Kurashiki Bikan Chiku, le quartier historique de la ville que tout le monde connaît et adore vu qu’il permet une belle plongée dans le temps, comme 300 ans en arrière quand la ville était le point de passage et de stockage du riz en direction d’Osaka et Edo (ancien nom de Tokyo).
Outre le tour en barque sur le canal (que je fais à chaque visite de la ville tellement il est apaisant), j’ai visité le musée d’art Ohara, qui contient des œuvres occidentales renommées, et j’ai eu l’opportunité (rare) de visiter la villa Yurinso (habituellement fermée pour les visites, sauf à quelques dates par an). L’intérieur de cette dernière est d’ailleurs sublime et donne sur une vue imprenable sur le canal et les bâtiments blancs typiques du quartier historique.
Et bien évidemment j’ai, encore, fait un tour dans le quartier historique, essentiellement pour acheter des Omiyage pour ma femme, mon bébé et moi. J’ai acheté divers souvenirs comme des produits en jeans de Kojima, des Murasuzume (spécialité locale à base de pâte d’haricots rouges, que j’ai appris à cuisiner dans la boutique Kikko), des bananes d’Okayama (à ¥700 la pièce tout de même) et surtout mon plus bel achat : des verres de Kurashiki ! Leur particularité, outre leur qualité et leur bonne réputation à travers tout le Japon, il ne reste plus que deux personnes qui fabriquent des objets en verre de Kurashiki, donc ceux que j’ai achetés sont uniques et rares.
Sur tous ces achats il était temps pour moi de conclure ce nouveau voyage à Kurashiki, ville où je retournerais certainement encore une fois (ou plus) parce que j’ai encore beaucoup de choses à y découvrir.
J’ai donc repris le Shinkansen depuis la gare d’Okayama direction Tokyo, pour reprendre ma vie dans la grande capitale nippone, loin de la petite Kurashiki, cette ville d’artisanat.