Découvrons sans plus attendre le Royaume des chats, film du studio Ghibli sorti en 2002 au Japon et réalisé par Hiroyuki Morita. Une oeuvre vous transportant dans un étrange et amusant univers.
Synopsis
Haru est une jeune fille tête en l’air, ce jour-là, elle est une nouvelle fois en retard au lycée. En sortant de l’école, un chat est en péril au milieu de la route, la lycéenne réagit immédiatement et le soustrait à une mort certaine. Le sauvetage de ce félin, qui s’avère être en réalité le prince du Royaume des chats, va bouleverser la vie de la jeune fille. Les chats lui en sont reconnaissants et l’invitent dans leur domaine. Qu’adviendra-t-il de Haru ? Quelles épreuves l’attendent ?
Le Royaume des chats, premier film de Hiroyuki Morita
Hiroyuki Morita a eu une carrière bien remplie jusqu’à présent. Il débuta en travaillant sur un film ayant un univers cyberpunk, Akira, en 1988 puis il croisa la route de Hayao Miyazaki au sein du Studio Ghibli et participa à la réalisation de Kiki la petite sorcière. Leur chemin se sépara, il quitta le studio mais continua de travailler sur des œuvres connues telles que Kenshin le Vagabond, Perfect blue ou encore JoJo’s Bizarre Adventure. Son retour auprès de Ghibli fut remarqué grâce son rôle d’animateur pour Mes voisins les Yamada en 1999. Depuis la réalisation du Royaume des chats ( 猫の恩返し – Neko no ongaeshi ) , il participa encore à de nombreuses productions comme Bokurano, Doraemon et les Contes de Terremer. Autant dire que si vous suivez un peu l’animation japonaise, vous avez forcément croisé son savoir-faire.
Quelques similarités avec une œuvre déjà existante
Je vous avais parlé dans l’article concernant Le voyage de Chihiro d’une ressemblance partielle avec l’œuvre de Lewis Caroll, Alice au pays des merveilles. Le Royaume des chats développe inconsciemment mais inéluctablement une histoire similaire. Une nouvelle fois ne parlons pas de plagiat, ce n’est pas le cas, mais plusieurs éléments permettent d’établir une forte concordance entre les deux univers. Tout d’abord, les deux personnages principaux, Alice et Haru, se retrouvent dans un univers fantastique en suivant un habitant de ce monde alors qu’elles menaient une vie tout à fait ordinaire. Ensuite, le méchant de ces deux œuvres est un personnage tyrannique prenant plaisir à dévaloriser ses semblables, les voir souffrir et les rabaisser. Ainsi le Roi des chats remplace à merveille la Reine de Cœur et c’est là que le changement avec les œuvres habituelles du Studio Ghibli s’effectue. Il n’y a jamais, ou presque, de manichéisme dans les œuvres de Hayao Miyazaki. Ici, ce roi est prêt à détruire une tour gigantesque afin de réaliser son objectif et, à aucun moment, il ne se souciera des conséquences. On peut donc considérer qu’il s’agit du « méchant » et, dès lors, nous nous approchons d’une œuvre ayant de fortes similarités avec un Disney.
Des personnages linéaires
Le fait le plus étonnant, pour un film du Studio Ghibli, est qu’il n’y a aucun sens caché à l’histoire et aucune évolution du caractère des personnages. Chacun reste fidèle à son image tout au long du film. Par exemple, Baron est un personnage à la limite de la perfection, c’est un gentleman et, à aucun moment, il ne déroge à cette règle ou bien encore la frêle Neige qui incarne la bonté et la gentillesse absolue. En cela, on peut déclarer que l’œuvre est un niveau en-dessous d’un Miyazaki par son manque de sens de lecture ou, au contraire, apprécier le style. Par ailleurs, une personnalité un peu plus élaborée pour Haru, comme possède San dans Princesse Mononoke ou Arietty, ne m’aurait pas déplu.
Un Ghibli loin des traditions
Il est courant de dire que Le Royaume des Chats est la suite de Si tu tends l’oreille, je ne pense pas que cela soit le cas car il n’y a que deux éléments étayant cette thèse. Ainsi, on retrouve des personnages identiques dans les deux œuvres comme Baron et Mouta, néanmoins, les deux chats ne sont que peu détaillés et on ne s’attarde pas assez sur leur vie pour que cela soit pertinent. Ensuite, le thème des films est identique bien que réalisé différemment. Le passage de la vie d’adolescente à la vie d’adulte est le fil conducteur du Royaume des Chats. Il s’agit d’un conte initiatique, une jeune fille est emmenée dans un monde où tout est différent, comment s’adaptera-t-elle ? Cependant, il n’y a pas d’autre correspondance entre ces films d’animation, et ces deux éléments ne suffisent pas à me convaincre de considérer cette oeuvre comme une suite.
Le film a reçu une réalisation particulière qui peut fortement déplaire aux fans des Ghibli traditionnels. Ici, aucune scène contemplative, l’action et l’histoire défilent à toute vitesse, pas de temps prévu pour réfléchir et se perdre dans la magie du film. Tout ceci est un choix de Hiroyuki Morita et c’est ce qui explique pourquoi le film n’est pas très long. Néanmoins certains passages sont magnifiques comme pendant la chute de nos héros à la fin du film. Allons-nous assister à la mort d’un personnage…Bien évidemment que non, par contre, le réalisateur réussi la prouesse de nous faire vivre l’événement comme si nous étions à la place des protagonistes. Au départ, la peur, l’angoisse du vide puis, petit à petit, l’émerveillement remplace la crainte nous permettant d’apprécier cette scène d’une autre façon. Cette manière de réaliser se répète à divers occasions et, en cela, le film est une réussite.
Le Royaume des chats n’est pas au niveau du Voyage de Chihiro pourtant, pour la première fois, le réalisateur nous apporte une touche de fraicheur et un renouveau par rapport à l’habituel Miyazaki. Cela peut vous plaire, comme vous rebuter. J’ai trouvé le film assez inégal mais j’ai passé un agréable moment. Et vous ?